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63 affaires traitées en trois mois : Les violences contre ascendants se banalisent

par J. Boukraâ

De nos jours, les enfants n'hésitent pas à hausser le ton devant leurs géniteurs, les menaçant, les méprisant, les insultant et les chassant même de leur domicile. Les plus odieux les battent jusqu'à ce que mort s'ensuive. Les services de la médecine légale relevant du Centre hospitalo-universitaire d'Oran reçoivent quotidiennement des parents demandeurs de certificats d'incapacité. Durant les trois derniers mois, pas moins de 63 affaires de violence sur ascendant ont été traitées par le groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya d'Oran. Les victimes ont subi les pires formes de violence et de torture. Jadis qualifiées de crimes de lèse-majesté, les violences sur ascendants sont désormais commises sans pudeur et le phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur, notamment dans les grandes villes. En dépit des violences subies, l'amour du fils prime. Les mères battues représentent un taux de 35%, mais rares sont celles ayant déposé plainte. Sur le total des victimes frappées par leurs enfants, seuls 40% déposent plainte. Toutefois, l'amour maternel étant le plus grand, une fois devant le tribunal lorsqu'elle se décide à porter plainte, la maman implore elle-même la clémence du magistrat de l'audience. Le reste use de certificat d'incapacité comme moyen de pression sur leurs enfants pour qu'ils ne récidivent plus. Dans la plupart des cas, ce silence s'explique par une certaine mentalité et les coutumes qui sont des obstacles majeurs les empêchant de se plaindre. Les exemples de cette violence au quotidien sont nombreux. Lorsque ce ne sont pas des coups, ce sont des agressions verbales. Selon les affaires traitées, les enfants adoptifs figurent en bonne place dans le classement des types d'agresseurs. Beaucoup de garçons, lorsqu'ils découvrent la vérité sur leur passé, se retournent contre leurs parents adoptifs et adoptent envers eux un comportement tout autre. Ils les accusent d'être responsables de leur sort. Ainsi, ces enfants deviennent incontrôlables. D'autres, en revanche, sont victimes de troubles psychiques et sont des alcooliques ou toxicomanes et ne peuvent, de ce fait, se contrôler. Le mauvais traitement infligé aux parents par leur progéniture s'avère, aujourd'hui, une autre forme de violence familiale, souvent présente, mais qui demeure encore un sujet tabou. La violence à l'égard des ascendants est même devenue un phénomène récurrent. En tous les cas, ce ne sont pas les statistiques dressées par les services hospitaliers qui contrediront cette amère réalité. En ce sens, l'article 267 du code de procédure pénale stipule que tout individu auteur de coups et blessures volontaires contre ses ascendants est passible d'une peine allant de cinq à dix ans de prison ferme.

Et dans le cas où cette forme de violence répréhensible provoque un quelconque handicap chez la victime, la peine encourue peut s'étendre jusqu'à une vingtaine d'années de prison ferme.

Selon les statistiques dressées par la Gendarmerie nationale, rien que durant le 1er trimestre de cette année, l'on compte 113 affaires liées à la violence contre ascendants (coups et blessures, insultes, homicides?) et 96 arrestations dont une quarantaine ont été placées en détention provisoire. Au final, 67 parents dont 24 mamans ont été victimes de la barbarie de leurs enfants lesquels agissent souvent, selon les enquêteurs, sous l'effet de l'alcool et de la drogue.