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Protesta de demandeurs de logements

par Kamel M.

Une foule imposante a assiégé, hier, les abords de la daïra de Constantine. Il s'agit de demandeurs de logements sociaux qui se sont massivement rassemblés aux environs de 11 heures devant le siège de la daïra pour dénoncer une longue attente d'un toit, 23 ans pour certains d'entre eux qui ont exhibé des demandes dont le dépôt remonte à l'année 1990, et revendiquer la réservation d'un quota exclusivement pour les demandeurs inscrits dans cette catégorie. Les protestataires ont soulevé, aussi, «le retard enregistré, dans la seule daïra de Constantine, quant aux attributions des logements sociaux». Selon les déclarations de plusieurs d'entre eux, «toutes les daïras ont affiché, ces derniers mois, les listes des bénéficiaires de logements sociaux, alors que le chef-lieu de wilaya fait l'exception pour des raisons qui demeurent inexpliquées sur le plan officiel».

Ils étaient des dizaines de manifestants, hommes et femmes, venus devant la daïra faire part de leur «ras-le-bol» et s'enquérir sur les développements de ce dossier. La plupart tenaient entre les mains des demandes datant des années 90. Ils se disent tous les victimes et les sacrifiés sur l'autel de la politique du ??tout pour l'éradication des bidonvilles''. Ce principe qui veut qu'on s'occupe d'abord de «l'illicite et de l'illégal», l'éradication des bidonvilles en l'occurrence, a mis des milliers de résidents de la ville «dans l'oubli» et dans «des conditions d'habitat, parfois inhumaines», protestaient-ils. Beaucoup se demandent pourquoi seule la daïra de Constantine tarde encore à attribuer des logements finis et réceptionnés alors que «nous vivons dans l'exiguïté ou à l'asphyxie financière avec les frais de location qui dépassent nos moyens».

Un vieil homme, dont la demande de logement remonte à 1990, regrette de «n'avoir pas habité un bidonville, alors que j'aurais pu être le premier sur la liste». Ajoutant dans ce sens qu'«il n'y a pas plus simple que de bâtir une bicoque, s'y installer et attendre qu'on vienne frapper à la porte avec les clés d'un appartement neuf». Certains rappellent aussi, avec regret, l'abandon de cette règle qui veut que dans toute attribution dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP), un taux du quota soit toujours réservé au logement social. Sous la pression, des représentants des protestataires ont été finalement reçus à la daïra dont l'édifice a été entouré d'un dispositif sécuritaire impressionnant. Une décision a été prise, «dans deux mois, ce dossier sera réglé», a promis le responsable au niveau de la daïra qui recevra les représentants des manifestants. Ces derniers se sont dispersés dans le calme, mais ils promettent à leur tour qu'ils reviendront à la charge si l'on «persiste dans l'indifférence» vis-à-vis des demandeurs de logements sociaux.