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Deux milliards de dollars pour la relance du secteur du textile

par El-Houari Dilmi

Un plan de relance du secteur du textile d'un montant de deux milliards de dollars a été approuvé par les pouvoirs publics, «avec pour première mesure concrète la réouverture de deux usines à Meskiana et Chéraga», a indiqué ce mercredi le secrétaire général de la Fédération du textile et du cuir M. Amar Takjout au micro de la Chaîne III.

En effet, interrogé au sujet des perspectives de développement du secteur du textile, en proie à une grave crise depuis les années quatre-vingt-dix, le SG de la Fédération du textile et du cuir a indiqué qu'un plan de formation a également été approuvé pour 1.180 ingénieurs afin de «renforcer le secteur en moyens humains à la hauteur du plan de relance approuvé», a-t-il encore souligné. Un partenariat a par ailleurs été signé avec des Turcs selon «la règle des 51/49 pour cent pour la prise de parts dans deux entreprises à Béjaïa et Relizane», a précisé M. Amar Takjout, ajoutant que des accords sont en vue avec des partenaires italiens et espagnols dans le domaine de la fabrication de chaussures notamment.

Concernant une certaine «frilosité» perçue chez les cadres dirigeants du secteur du textile, le SG de la Fédération du textile et du cuir a imputé cela à la dépénalisation de l'acte de gestion «qui tarde à se concrétiser sur le terrain de la réalité» et constitue une «préoccupation majeure de nos dirigeants, de même que la rémunération des employés du secteur, jugée parmi les plus faibles du secteur public économique», a-t-il souligné. Evoquant ce qu'il a appelé un «manque d'une vision économique claire pour la relance du secteur du textile en Algérie», M. Amar Takjout a insisté sur la «nécessaire promotion d'une économie productive», faisant part de ses craintes de voir le marché national ouvert à la concurrence, «ce qui peut se montrer fatal pour un secteur extrêmement fragile», a-t-il encore indiqué. A propos des effets attendus du plan de relance adopté par le gouvernement, le SG de la fédération a mis en exergue les potentialités du secteur du textile, estimant qu'il peut aller jusqu'à la couverture de 20 pour cent des besoins du marché national. Abordant les emplois perdus depuis les années 90 avec plus de 35.000 postes perdus, et 50 entreprises qui ont mis la clef sous le paillasson, M. Amar Takjout a émis l'espoir de voir les engagements du ministère de l'Industrie au sujet du lancement d'un partenariat public-privé se concrétiser su le terrain. Concernant justement le secteur privé activant dans le segment du textile, M. Amar Takjout a indiqué sur 4.500 entreprises privées existant dans les années quatre-vingt, «il n'en reste plus qu'une centaine à l'heure actuelle». Avec la démonopolisation du commerce extérieur, ces «confectionneurs se sont reconvertis en importateurs de friperie», a-t-il encore précisé, appelant au passage à une «régulation du marché de l'importation et au maintien de l'interdiction de la friperie». Mettant en avant les bénéfices d'un transfert de technologie de la part des partenaires étrangers comme les Turcs et les Portugais appelés à investir dans le secteur de la confection, le SG de la Fédération du textile et du cuir a indiqué que «d'autres investisseurs, européens notamment, s'intéressent au marché du textile en Algérie, au vu de la situation de crise traversée dans leurs pays respectifs». Au sujet de la délocalisation de certaines sociétés étrangères de confection et de fabrication textiles en Algérie, M. Amar Takjout a estimé qu'il s'agit là d'un «atout non négligeable», mettant en exergue ses avantages tirés notamment de sa situation géographique, «pour peu que les facilitations accordées en matière d'investissements directs aient une traduction réelle sur le terrain, avec une lutte sans merci contre la bureaucratie et la corruption», a-t-il encore indiqué. Dans le domaine social, le secteur du textile et du cuir en Algérie paye les salaires les moins élevés du secteur public économique et une fiscalité des plus avantageuses, ce qui peut «générer jusqu'à 300.000 emplois directs, contrairement à d'autres secteurs industriels qui ne peuvent pas générer autant d'emplois», a conclu le secrétaire général de la fédération.