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Une nouvelle directrice à l'école El Bachir El Ibrahimi : Une nomination, des contestations et des interrogations

par Houari Barti

C'est un tableau noir, faisant état de pratiques «d'un autre âge» qui nous a été présenté hier par les parents d'élèves et par le personnel enseignant de l'école primaire «El Bachir El Ibrahimi» au centre-ville.

Une école de référence par laquelle on donnait l'exemple en ma-tière d'excellence, dans un passé pourtant pas très lointain. Mais aujourd'hui, l'école en question est devenu le théâtre d'une « protestation sans précédent » dans laquelle aussi bien les parents d'élèves que les enseignant font front commun contre la nomination, qualifiée de «scandaleuse», d'une nouvelle directrice à la tête de l'établissement. La direction de l'Education de la wilaya d'Oran affirme dans une correspondance adressée au Quotidien d'Oran, en réaction à un article paru dans notre journal en date du 23 janvier 2013, sous le titre «Tension à l'école El Bachir El Ibrahimi», qu'elle «est le seul organisme qui gère et affecte ses fonctionnaires ». C'est un principe qui ne peut nullement être remis en cause, car personnes n'a le droit de douter qu'une institution de la République qui représente l'autorité de l'Etat, pourrait agir contre l'intérêt suprême de l'élève ou contre l'intérêt de l'école algérienne, une école républicaine et populaire. Ceci étant dit, force est de constater que ce qui se passe au niveau de l'école « El Bachir El Ibrahimi » est tout sauf anodin. Les parents d'élèves ont refusé hier que leurs enfants rejoignent les bancs de l'école. Et l'ensemble des enseignantes, au nombre de 13, sont en arrêt de travail ouvert pour protester contre la nomination de la nouvelle directrice. Il demeure cependant légitime de se demander pourquoi cette nomination, aussi souveraine soit-elle, soit autant contestée, et d'une manière aussi unanime. Pour bien comprendre le contexte dans lequel est née cette fronde, on se doit de rappeler d'abord quelques faits rapportés par les parents d'élèves dans un communiqué qu'ils nous ont adressé.

«En septembre dernier, un nouveau directeur, qu'on va désigner sous les initiales M.M. est d'abord nommé, en remplacement de M. B., ancien directeur sorti en retraite. Cette nomination a été accueillie «avec beaucoup de joie» par les parents d'élèves, «vu les changement très positifs opérés en un temps record et les améliorations du cadre de travail ainsi que l'ambiance et l'organisation au sein même l'école comparativement au directeur précédent (?)».

Mais quelques mois à peine après son installation, le nouveau directeur M.M. est remplacé par une directrice, qui n'est autre que l'épouse de l'ancien directeur sorti en retraite. Stupéfaction alors parmi les parents d'élèves et même des maîtresses de l'école qui saisissent par écrit l'académie, les syndicats de l'éducation et le ministère de tutelle pour protester contre ces pratiques qualifiés de «douteuses». Car pour eux, toutes «ces manœuvres » n'ont d'autre justification que le «logement de fonction» sis à la Rue Larbi Ben M'hidi, en plein cœur du centre-ville, que «le directeur à la retraite et son épouse nouvellement nommée, voudraient à tout prix garder». Une accusation grave car cela impliquerait que des éléments influents de la direction de l'Education agiraient pour l'intérêt d'individus et non pas pour celui des élèves et de l'école algérienne, fondée sur le principe du « par le peuple et pour le peuple». Un autre élément, troublant, a trait avec cette nouvelle directrice, qu'on présente comme étant « avoir fait récemment, avec cinq enseignantes de l'école «Chahid Djellouli Mohammed» à Bir El Djir où elle était directrice avant sa nomination au centre-ville, l'objet de sanctions et de suspension » suite à une commission d'enquête ministérielle. Avec sa désignation à la tête d'une école au centre-ville, «cette nomination prend les allures d'une promotion, et non d'une sanction», affirment, avec ironie, les contestataires. Ceci a poussé les enseignantes de l'école Chahid Djellouli et des parents d'élèves de cet établissement à réagir à leur tour, en observant eux aussi un arrêt de cours pour dénoncer cette attitude de « deux poids deux mesures».