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L'activité crédit immobilier progresse chez les banques algériennes

par Yazid Taleb

Déjà sensible en 2011, le décollage du crédit immobilier se renforce depuis le début de l'année 2012. Des chiffres recueillis auprès de la CNEP le confirment : déjà plus de 30 milliards de dinars à fin août 2012. Une nouvelle progression de plus de 27% en un an. Tous les acteurs bancaires s'y mettent et la barre du milliard de dollars (75 milliards de dinars) accordés par les banques commerciales algériennes devrait être franchie à la fin de l'année.

Au printemps dernier, la Banque d'Algérie avait déjà signalé une croissance accélérée des crédits immobiliers aux ménages en 2011 (près de 19%). Les derniers résultats disponibles pour 2012 traduisent un engouement incontestable. La CNEP reste la locomotive du secteur. Le nombre de crédits accordés l'année dernière par la «banque de l'habitat» était déjà en hausse de près de 25% et dépassait les 21 000 dossiers traités, tandis que le montant des crédits accordés explosait littéralement en représentant plus de 36 milliards de dinars, en hausse de 50% par rapport à 2010. Les derniers chiffres, non encore rendus public, arrêtés à fin aout 2012, indiquent que la tendance ne fléchit pas. Le montant des crédits est de nouveau en hausse de plus de 27% en un an. Durant les huit premiers mois de l'année 2012, la CNEP a accordé un peu plus de 15 000 crédits hypothécaires aux particuliers pour un montant de 30,7milliards de dinars.Sur l'ensemble de l'année 2012, la banque dirigée par Djamel Bessaa est en route vers une production record de 45 milliards de dinars.Les crédits bonifiés se taillent la part du lion dans cette progression accélérée. Le nombre des crédits à taux bonifiés représente 46,5% du total des crédits hypothécaires accordés aux particuliers. Un responsable de la Banque précise : «Ce sont plus de 26 000 crédits bonifiésqui ont été accordés par la CNEP depuis le démarrage de la nouvelle formule.Les crédits à taux bonifiés ont été lancés à la CNEP-Banque en mai 2010 avec effet rétroactif aux dossiers déposés jusqu'en mars 2010. Ils sont destinés aux programmes LPA dont le prix ne dépasse pas 2,8 millions de DA et à l'achat d'un logement neuf, collectif, acquis auprès d'un promoteur public ou privé dont le prix ne dépasse pas les 12 millions de dinars. Ils peuvent également financer l'auto construction en milieu rural». Le reste de la production de la CNEP est représentée de façon plus «classique» par le crédit à l'accession qui représente environ 35% des prêts accordés, suivi des crédits à la construction dont la part est proche de 19%.

LES BANQUES PUBLIQUES MONTENT AU CRENEAU

Même si elle revendique 55% de part de marché, la CNEP est loin d'être seule à convoiter le gisement commercial que constitue désormais pour l'ensemble des banques le marché du crédit immobilier. La BDL a accordé l'année dernière plus de 6 600 crédits immobiliers aux ménages pour un montant total de 7,6 milliards de DA, en hausse de 54% par rapport à 2010. Une performance qui pourrait bien se répéter cette année. Le PDG de la BDL, Mohamed .Bachetarzi souligne que «les six premiers mois de l'année en cours ont connu pour la BDL une nette progression des crédits immobiliers avec une production de 7,2 milliards de DA». Il prévoit également,de façon très conservatrice, que 2012 devrait être bouclée «avec un chiffre de plus de 9 milliards de DA». La BEA, nouveau venu dans le segment du crédit immobilier, a des ambitions à la mesure de sa taille .Son plan de développement ne vise rien moins que 25 milliards de dinars de crédits immobiliers au terme de la période 2010-2012. Le PDG, Mohamed Loukal, a donné récemment le chiffre d'une production cumulée de 13,7 milliards de dinars à fin 2011.

LES BANQUES PRIVEES S'Y METTENT AUSSI...

Les banques privées s'étaient montrées, jusqu'à une période récente, plus réservées vis-à-vis d'un produit dont le développement restait, contrarié principalement par l'insuffisance de l'offre de biens et une spéculation importante qui rendait le prix des biens disponibles inaccessible au regard de la capacité d'endettement des clients. Certaines de ces banques, à l'image de Société générale Algérie et BNP Paribas el Djazair semblent depuis le dernier trimestre 2010 avoir changé leur fusil d'épaule et s'être décidées à exploiter résolument les opportunités offertes par le nouveau dispositif gouvernemental. Ainsi qu'en témoignent les vastes campagnes publicitaires lancées dès la fin de 2010 pour la promotion des produits «Marhaba» et «Immo+». Explication d'un spécialiste du dossier: «les augmentations de salaires des dernières années, combinées à la réduction des taux d'intérêt, ont changé la donne et renforcé sensiblement la solvabilité des demandeurs de crédit». Les résultats publiés récemment pour 2011 indiquent que le nombre de crédits accordés par SGA ont «fait la culbute» pour la deuxième année consécutive pour atteindre le montant de 2,7 milliards de dinars. La stratégie mise en œuvre par Algeria Gulf Bank(AGB) est plus originale. La banque, qui «ne fait pas le crédit bonifié»,vise une montée en puissance de son crédit immobilier baptisé «Bayti» grâce à des actions commerciales initiées fin 2011 auprès de promoteurs immobiliers «premium» et à une rémunération des agences immobilières pour leur apport d'affaires. L'objectif est de doubler la production enregistrée en 2011 en la faisant passer de 1,5 à 3 milliards de dinars dès cette année.