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Sellal moins sous haute surveillance qu'Ouyahia ?

par Kharroubi Habib

Bouteflika a condamné Ahmed Ouyahia et l'exé cutif gouvernemental dirigé par lui au service minimum, voire à l'immobilisme total durant les derniers mois qui ont précédé le remaniement gouvernemental. Au point qu'il en a résulté une impression de vide étatique qui a consterné les citoyens pour qui cette situation a semblé annonciatrice d'une fin de règne faisant du pays un bateau voguant sans capitaine. Sellal et son gouvernement ne sont apparemment pas en butte au même blocage de la part de l'autorité présidentielle. Ils auraient même été instruits à faire l'événement, à prendre des initiatives, à occuper le terrain médiatique pour convaincre l'opinion publique que le remaniement gouvernemental a été opéré pour mettre fin à l'inertie qui a caractérisé le précédent exécutif.

Il apparaît en tout cas que Bouteflika a accordé une plus grande latitude à Sellal en matière d'orientation et d'inspiration pour sa conduite de l'action gouvernementale. Fort de la marge de manœuvre octroyée par le chef de l'Etat, Sellal a rompu avec la discrétion et le retrait qu'observait malgré lui son prédécesseur. Depuis sa nomination, Sellal ne rate aucune occasion de faire savoir qu'il est à la barre et surtout de promettre que l'action gouvernementale qu'il a été chargé d'impulser sera essentiellement consacrée à effacer la distance à l'égard des préoccupations des citoyens qui a été tant reprochée à l'exécutif Ouyahia. Les priorités auxquelles s'est attelé le nouveau gouvernement reflètent en effet sa volonté affichée de s'en tenir à ce cap que d'ailleurs Bouteflika lui a clairement fixé lors du premier conseil des ministres post-remaniement.

La première consiste à rétablir l'autorité de l'Etat qui apparaît absente aux yeux des citoyens. Ce que l'exécutif Sellal a décidé de démontrer en généralisant au territoire national l'opération éradication du commerce informel dont la prolifération anarchique est l'un des signes tangibles de la déliquescence de cette autorité étatique. Parallèlement pour mieux asseoir la démonstration quant à sa volonté de rendre manifeste l'autorité étatique, le gouvernement Sellal s'est engagé à débarrasser le service public de tous les fléaux qui en font la bête noire des citoyens et la cible de leurs récriminations. De même qu'il s'est engagé à améliorer le cadre de vie de ces citoyens sous la forme de lutte contre ce qui l'a clochardisé, notamment la saleté due entre autres à des voiries plus que déficientes.

D'aucuns pourront arguer que dans la situation du pays, ces priorités que s'est fixées le gouvernement Sellal n'en sont pas. Pour beaucoup de citoyens pourtant, ce serait «une révolution» que l'autorité de l'Etat s'affiche à ce niveau des préoccupations de leur quotidien. Il y a qui sont pour le moins dubitatifs quant à la promesse faite par le nouveau gouvernement concernant ces problèmes qui leur «pourrissent la vie». Chaque changement ou remaniement d'exécutif a donné lieu à de tonitruants effets d'annonce tous voués à faire entendre que les choses «vont changer». Au final pourtant, les nouveaux arrivants se coulent très vite dans le moule de l'immobilisme et du laisser-faire imposé par le système. Sellal et son équipe démentiront-ils cette fatalité ? Pas sûr.