
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) occupe désormais une position
dominante dans le nord du Mali, grâce à son alliance avec le groupe islamiste
armé Ansar Dine, et au renfort de combattants marocains, tunisiens et libyens,
a appris hier samedi l'AFP, de sources sécuritaires. «Aujourd'hui, c'est
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui occupe une position dominante dans les
trois régions du nord du Mali, grâce à son alliance avec le groupe islamiste
Ansar Dine, et avec l'arrivée dans ses rangs de combattants tunisiens, libyens
et marocains», a déclaré à l'AFP, une source sécuritaire mauritanienne. Le nord
du Mali, vaste région en majorité désertique, est coupé du reste du pays depuis
le coup d'Etat du 22 mars à Bamako qui a renversé le régime du Président Amadou
Toumani Touré (ATT), longtemps accusé par ses voisins d'avoir fait preuve de
laxisme dans la lutte contre Aqmi. Des témoins ont vu dans la périphérie de la
ville de Tombouctou, des combattants d'Aqmi qui se sont déclarés de
nationalités marocaine, libyenne et tunisienne. Ces combattants «ont distribué
des vivres aux populations déplacées. Ils ont expliqué qu'ils sont Marocains,
Tunisiens et Libyens. Ils ont dit aussi qu'ils sont venus pour le Jihad, aux
côtés de leurs frères algériens, mauritaniens, et autres», a expliqué à l'AFP
l'un de ces témoins, fonctionnaire malien de Tombouctou, mais qui vit
actuellement avec sa famille, depuis trois semaines dans un hameau de la
périphérie de la ville. Le chef militaire de la ville de Tombouctou est
actuellement Abou Yaya Hamame, le chef d'une unité d'élite d'Aqmi. Il dirige la
ville avec à ses côtés «Sanda», un homme qui a une double casquette:
officiellement porte-parole de Iyad Ag Ghaly -leader de Ansar Dine,
ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990- et soutien
actif connu de la branche maghrébine Al-Qaïda.
Ansar Dine prône l'imposition de la Charia dans tout le Mali. «A Gao et à
Kidal, on ne voit pas en masse les combattants d'Aqmi, parce qu'ils préfèrent
se mettre hors de la ville, et intervenir quand c'est nécessaire. Mais à
l'intérieur de ces deux autres localités, ils ont leurs hommes, leurs pions,
comme on dit», explique une source sécuritaire nigérienne. «La réalité sur le
terrain est bien celle-là. Les nouveaux combattants d'Aqmi de nationalité
marocaine, seraient venus de leur pays par avion de Casablanca via Bamako,
selon des sources concordantes. «Nous avons, nous aussi, ces informations. C'est
pour cette raison que nous disons que ce qui se passe actuellement au nord du
Mali concerne non seulement les autorités maliennes, mais aussi tous les autres
pays de la sous-région. C'est la déstabilisation du Sahel, du Maghreb qui est
en jeu», a affirmé à l'AFP, un responsable du ministère malien de la Défense.
Depuis le coup d'Etat du 22 mars, outre Aqmi et Ansar Dine, le nord du Mali est
aussi sous la coupe de différents groupes de trafiquants, de la rébellion
touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), et du Front
national de libération de l'Azawad (FNLA), composé d'Arabes de la région de
Tombouctou.