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Le chinois NFC va remplacer l'australienne Terramin dans le gisement de zinc de Béjaïa

par Ferhat Yazid

Terramin Australia Limited est sur le pied de départ. Elle envisage «sérieusement» de céder ses participations dans la joint-venture Western Mediterranean Zinc (WMZ), chargée de l'exploration du site minier de Oued Amizour à Béjaïa, au profit d'un opérateur minier chinois. La dernière visite du ministre de l'Energie et des Mines sur le site minier qui s'est déclaré peu satisfait de l'étude de faisabilité présentée par Terramin a précipité son départ, soutient le P/APW de Béjaïa.

La compagnie australienne Terramin, actionnaire majoritaire dans la joint-venture Western Mediterranean Zinc (WMZ) qui détient le permis d'exploration sur le gisement de zinc et de plomb de Tala Hamza à Oued Amizour (wilaya de Béjaïa), affiche son intention de se désengager du projet au profit d'une entreprise chinoise. Terramin a annoncé, dans un communiqué daté du 4 avril dernier, qu'il est «actuellement en discussions avec la China Non-Ferrous Metal Industry's Foreign Engineering and Construction Co., Ltd (NFC) sur une éventuelle cession de sa participation dans le projet Tala Hamza». L'australien a souligné le caractère «préliminaire» de ces discussions qui ne peuvent conduire un accord final qu'après avoir réglé un certain nombre de «questions importantes». «Une vente par Terramin de sa participation dans le projet de Tala Hamza serait sous réserve de l'approbation de son partenaire ENOF», souligne le communiqué qui précise que Terramin a lancé des discussions avec l'ENOF à cet effet. «Terramin est dans le bon chemin en avisant son partenaire algérien qui possède un droit de préemption sur la cession des participation de l'australien», nous a confié un cadre de WMZ, qui précise que les discussions vont bon train. D'ailleurs, pour illustrer l'imminence d'un accord avec les Chinois, notre source affirme que Kamel Baaziz, directeur général de WMZ, a réuni la semaine dernière les travailleurs pour les rassurer sur la préservation de leurs postes d'emploi après l'entrée du chinois NFC dans le capital de la joint-venture WMZ. Terramin détient 65% des actions de WMZ. 35% sont détenus par deux sociétés étatiques algériennes : 32,5% sont détenus par L'Entreprise Nationale des Produits Miniers non Ferreux et des Substances Utiles (ENOF) et 2,5% sont détenus par l'Office de Recherche Géologique et Minière (ORGM). L'australien veut céder la totalité de ces 65% des participations, mais ne peut aller au-delà de 49 % au profit du chinois, selon la règle 51/49 pour l'investissement étranger, instituée dans la LFC 2009. Et les 16% restants doivent trouver preneurs parmi les deux partenaires algériens, soutient notre source. Une information qu'on n'a pas pu vérifier. Nos tentatives de joindre la direction générale de l'ENOF et de WMZ sont restées vaines.

DEPART PRECIPITE PAR LA DERNIERE VISITE DE YOUSFI

La mine de Tala Hamza figure dans le top 5 mondial des gisements de plomb et de zinc, avec un potentiel de 68 millions de tonnes de minerai. Terramin n'a pas évoqué les raisons qui l'ont poussé à quitter cette «mine», lorsque l'on sait que le gisement peut générer, à prix constant, jusqu'à 10 milliards de dollars de revenus, selon une estimation d'experts. L'étude de faisabilité du projet qui a «peu» satisfait les autorités algériennes en serait la cause. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, en visite à Béjaïa fin février dernier avait indiqué que «l'étude qui a été présentée n'a pas satisfait nos techniciens et nous sommes en train de discuter pour voir d'autres méthodes d'exploitation. Tant qu'on n'est pas certain que ces conditions se sont réunies, on continuera à faire des études nécessaires pour cela». Des déclarations qui ont précipité le départ de Terramin, selon Hamid Ferhat, P/APW de Béjaïa. Un mois après ces déclarations, qui ont accentué la pression sur la compagnie australienne, Kevin Moriarty, son directeur général, a démissionné de son poste. Le 29 mars dernier, il avait regretté des lenteurs dans ce projet qui ne dépendent pas de la responsabilité des cadres de Terramin. Des retards qui ont mis le titre de l'action de la compagnie «sous pression considérable». La société a enregistré une perte de 19,6 millions de dollars en 2011 et son rapport annuel affiche des incertitudes sur les finances de l'entreprise et par ricochet sur ces capacités d'exploitation. Sur le site web de Terramin, on affirme pourtant que les ressources financières sont disponibles : «Une lettre d'intention provenant d'une importante banque algérienne reçue à la fin de l'étude de préfaisabilité indique sa disposition à financer jusqu'à 70% du capital sur une période de 15 ans». Mais, la méthode d'exploitation de la mine à ciel ouvert demeure problématique d'autant que ce sont 52 millions de déchets qui devront être stockés et décontaminés. Ainsi, faute de garanties suffisantes pour l'exploitation du gisement de Tala Hamza, Terramin risque de ne pas avoir le permis d'exploitation qui n'est donné qu'après l'avis favorable des autorités locales et après une étude d'impact d'environnement. Le P/APW se réjouit que l'australien se soit enfin résolu à plier bagage. «L'australien n'a ni les moyens financiers ni les garanties environnementales», s'est-il écrié. Un avis partagé par le ministre de l'Energie et des Mines qui a indiqué, la semaine dernière dans un entretien au Quotidien d'Oran, que de petites sociétés sont venues «pour essayer de faire de bonnes affaires et elles n'ont pas les moyens techniques nécessaires pour développer ces mines d'une façon rationnelle et d'une manière qui puisse assurer la sécurité des populations et protéger l'environnement». Sur la question de savoir si les contrats de ces entreprises seront gelés, le ministre a répondu par l'affirmative.