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Objectif 200.000 PME : les pouvoirs publics comptent sur le leasing

par Yazid Taleb

Les pouvoirs publics mettent la pression sur les banques publiques pour mettre en place des filiales spécialisées dans le leasing avec l'objectif d'apporter un soutien plus concret à la création de PME.

La Société nationale de leasing qui vient de recevoir son agrément est la première entrée des banques publiques dans un domaine, jusque-là, réservé aux privés. D'autres devraient suivre.

Sans doute pour compenser une prise de conscience tardive, le gouvernement semble décidé à lancer un vaste dispositif de «dynamisation de l'investissement» des PME qui devra notamment contribuer à la création de plus de 200 000 PME programmée au cours de la période quinquennale 2010- 2014.Le Conseil des ministres du 22 février dernier a de ce fait constaté que la plupart des banques publiques n'avaient pas encore créé ou rendu opérationnelles leurs filiales spécialisées dans le leasing alors que des instructions datant de 2008 les invitaient pourtant à mettre en place. L'une des principales dispositions financières annoncées lors de cette réunion a donc concerné le lancement, à partir de mars 2011, de ces institutions financières destinées à alléger le coût de la location-vente des équipements pour les petites et moyennes entreprises.Les acteurs concernés n'ont pas tardé à obtempérer. Dès le 23 février la Banque d'Algérie a accordé son agrément à la première filiale des banques publiques spécialisée dans le leasing. La Société nationale de leasing (SNL), filiale de la BNA et de la BDL a été dotée d'un capital de 3,6 milliards de dinars. Son nouveau PDG, Mohamed Krim, annonce qu'elle financera «tous les secteurs d'activité en dehors de l'agriculture ainsi que des opérateurs qui vont des PME aux professions libérales». Les principaux secteurs d'activité ciblés par la SNL sont «le transport, le BTP, l'hydraulique, l'industrie et le tourisme».

Pour Mohamed Krim, les principaux avantages du leasing résident pour les PME dans une formule d'acquisition de leurs équipements à tempérament « qui permet d'économiser les ressources financières de l'entreprise et qui n'exige pas de garantie du fait que la société de leasing reste propriétaire de l'équipement loué jusqu'à la fin du contrat. Ce dernier est en général d'une durée financière de 3 à 4 ans. Moyennant le paiement du loyer convenu entre la société de leasing et l'entreprise, cette dernière devient propriétaire de l'équipement au terme du contrat».

Le nouveau PDG de la SNL précise que la diffusion du produit devrait s'effectuer dans une première étape au sein d'une dizaine d'agences de la BNA et de la BDL avant d'être étendue progressivement à un réseau qui compte plus de 300 points de vente. Il promet que «le traitement des dossiers ne dépassera pas 15 jours».

Un créneau dominé par les banques privées

Le créneau du leasing est occupé en Algérie depuis son apparition en 2002 par un petit nombre d'institutions financières presque toutes d'origine étrangère. ALC, MLA, Société Générale, Natexis, Sofinance, Al Baraka ou encore BNP Paribas se partagent un marché qui reste d'une taille modeste. Il était d'environ 250 millions d'euros en 2009. Mais c'est aussi un marché qui se développe à un rythme très élevé. Les principales activités concernées sont surtout le transport et les travaux publics mais aussi l'agroalimentaire ou les matériaux de construction. L'une des plus en vue est Maghreb Leasing Algérie (MLA) filiale algérienne de la tunisienne Amen Bank qui envisagerait une introduction à la Bourse d'Alger au deuxième semestre 2011. C'est dans le but de stimuler le développement de ce marché que les autorités du secteur ont donné, à la fin de l'année 2008, instruction aux banques publiques de créer des filiales spécialisées dans cette activité. Elles l'ont fait sans manifester de zèle. La Banque extérieure d'Algérie (BEA) s'est distinguée de ses consœurs du secteur public en s'associant à une banque portugaise Banco Espirito Santo et à un fonds d'investissement international, Swicorp, pour créer IJAR Leasing Algérie. Doté d'un capital de 35 millions d'euros, IJAR Leasing Algérie est en attente de son agrément par la Banque d'Algérie. La lenteur de la mise en place des nouveaux acteurs est imputée par un cadre du secteur à «la lourdeur de la procédure d'agrément qui comporte d'abord une autorisation de constitution de la nouvelle société et dans une deuxième étape l'agrément de la Banque d'Algérie qui équivaut à une autorisation d'exercer».Des lenteurs qui vont devoir être surmontées. Le Conseil des ministres a fixé la date butoir au 31 mars pour l'agrément de tous les opérateurs. Une nouvelle réunion est prévue à cette date pour vérifier que cette instruction a bien été appliquée?