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Algérie : l'important marché des lampes économiques dominé par Osram et Philips

par Lena Said

Les lampes économiques ou fluo-compactes (LFC) vont dominer en Algérie où la tendance est au bannissement progressif des lampes à incandescence. Un gros marché d'une trentaine de millions d'euros qui risque d'être l'apanage

des entreprises étrangères comme Osram et Philips. Il existe bien un opérateur algérien, Eletcromel, et ses produits sont de très bonne qualité. Ses difficultés montrent que la substitution aux importations est plus un discours qu'une réalité.

Cinq millions de lampes dites économiques vont être mises sur le marché algérien d'ici à 2014. Destinées aux ménages et à l'éclairage domestique, elles seront commercialisées dans le cadre du programme nationale de maîtrise de l'énergie lancé en 2010 par l'Etat algérien et dont la mise en application sur le terrain est confiée aujourd'hui à l'Agence Nationale pour la Promotion et la Rationalisation de l'Utilisation de l'Energie (APRUE).

Cette quantité importante de lampes qu'on appelle aussi de «basse consommation» signale le bannissement progressif des lampes à incandescence et le début de la recomposition d'un marché qui devrait surtout profiter aux grands fabricants étrangers, les seuls capables de répondre aux critères technologiques et économiques inscrits dans les appels d'offres et cahiers des charges élaborés par l'Agence algérienne de promotion de l'économie d'énergie.

L'éclairage représente aujourd'hui le premier poste de consommation d'électricité dans le secteur résidentiel en Algérie. Selon des estimations récentes, il représente plus de 32 % de la consommation globale des ménages. C'est un segment sur lequel l'APRUE agit régulièrement depuis quelques années en lançant des campagnes pour le changement d'équipements énergivores et leur remplacer par des lampes fluo compactes.

En 2010, l'Agence a lancé un appel d'offres pour l'achat de 250.000 lampes économiques. En 2011, elle s'apprête à lancer un deuxième appel pour l'acquisition de 750.000 lampes. Comme l'année précédente, seuls des équipementiers mondiaux tels Philips ou Osram vont pouvoir rafler la mise dans un marché national de l'import estimé à plus de 28 millions d'euros.

En 2011, il devrait connaître une croissance de 30 à 40%, notamment en raison du nouvel appel d'offres que l'APRUE s'apprête à lancer et en raison des effets des campagnes anti- contrefaçon et de sensibilisation pour l'économie d'énergie sur les distributeurs, qui préfèrent les grandes marques. Ce qui explique leur présence en force au dernier salon de l'électricité et de l'automation qui s'est tenu à Alger au début du mois de février.

Electromel «l'outsider» algérien

Le fabricant allemand Osram, filiale de Siemens, détient plus de 25% de parts de marché pour un montant de plus de 7 millions d'euros. Un opérateur algérien, Electromel, s'est lancé dans le créneau de la fabrication de lampes à basse consommation mais se heurte à une situation bureaucratique kafkaïenne. Dirigé par un ancien cadre de la Sonatite, Sadek Meradi, avait réussi à convaincre un partenaire allemand à s'engager avec lui dans le montage d'une usine. Mais le partenaire allemand, rebuté par la bureaucratie, a renoncé. Mais Meradi a persévéré. Sa première lampe à basse consommation est produite en 2007. En mai dernier, Electromel produisait une moyenne de 8000 lampes/jour avec une qualité qui n'a rien à envier aux produits importés. La seule différence est sans doute la puissance du marketing des «étrangères». Electromel a pu placer son produit en Tunisie où des opérations d'export ont été réalisées pour une période de test.

Il s'était dit intéressé par le programme de l'APRUE. Mais il a fait face à un problème insoluble: le cahier de charges exige une certification d'origine qu'aucun organisme algérien n'est en mesure de délivrer. Electromel a pu contourner le problème en sollicitant le même organisme tunisien qui a certifié son produit pour sa mise sur le marché. A qualité égale, Electromel «l'outsider» devrait, en théorie, profiter de cette volonté affichée des autorités de favoriser une substitution des importations. Qui pour l'instant relève surtout du discours.