Un binational, de retour d'Algérie, vendredi dernier, a été arrêté à sa descente d'avion à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry. L'homme est soupçonné d'avoir participé au meurtre de Mehdi Chine, 24 ans, connu de la justice notamment pour trafic de stupéfiants, abattu par balles dans la nuit du 29 septembre dans le quartier de Teisseire, qualifié de sensible à Grenoble. Le suspect a été immédiatement placé en garde à vue pour interrogatoire. Présenté à un juge d'instruction dimanche dernier, il a été mis en examen pour meurtre en bande organisée et placé en détention provisoire. Trois personnes, âgées d'une vingtaine d'années, avaient été déjà arrêtées le 26 novembre et mis en examen pour «meurtre en bande organisée». Deux d'entre eux, A.L, 20 ans, et N.C., 22 ans, avaient été placés en détention provisoire et le troisième, âgé de 26 ans, a été placé sous contrôle judiciaire strict.

 Le meurtre aurait pour origine un probable règlement de compte entre bandes rivales se disputant le contrôle de la drogue. Les trois individus mis en examen, des proches de la victime, encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Mehdi Chine faisait partie d'un groupe de jeunes visés par plusieurs tirs en septembre 2009. Un jeune de ce groupe avait été grièvement blessé, et quelques mois plus tard son père était tué d'une balle dans la tête à Grenoble. Ces règlements de compte pour le contrôle des territoires s'expliquent par l'ampleur des sommes d'argent générées par la vente de produits stupéfiants, faisant de Grenoble une plaque tournante du trafic de drogue au niveau régional. Ainsi, on parle de 6.000 et 10.000 euros par jour comme chiffre d'affaires d'un seul dealer dans une seule barre d'immeuble.

 Les spécialistes et les politiques imputent ce trafic aux quartiers dits sensibles de l'agglomération grenobloise. Des zones habitées par les communautés maghrébines en général avec une forte coloration algérienne. Ces territoires disputés au prix de sanglants règlements de compte sont en général contrôlés, dans chaque quartier, par deux ou trois familles qui ont la mainmise sur le trafic et n'hésitent pas à user de la violence comme ça a été le cas dans l'assassinat de Mehdi Chine.

 Pour rappel, trois mois après les émeutes de la Villeuneuve, un autre quartier sensible de Grenoble après la mort d'un Algérien d'origine constantinoise, et en présentant le nouveau préfet Eric Le Douaron, Nicolas Sarkozy avait promis de mener «une véritable guerre aux trafiquants et aux délinquants» à Grenoble et en Loir-et-Cher.