
La hausse des prix des légumes est devenue un cauchemar pour des millions
de familles algériennes.
Contrairement aux années précédentes, où la mercuriale devenait plus
clémente quelques jours seulement après Ramadan, cette année, la flambée n'a
pas fléchi et, pire encore, elle prend des dimensions inquiétantes. Où sont les
promesses des ministères du Commerce et de l'Agriculture qui affirmaient que
les prix allaient diminuer ? Où en est-on avec le Sypralac, ce système mis en
place en juillet 2008 pour la pomme de terre avec, comme objectif, de réguler
les prix et de préserver les intérêts des producteurs ? telles sont les
questions que se posent les consommateurs assommés par les lourdes dépenses de
l'Aïd et de la rentrée scolaire. Au niveau de tous les marchés, la mercuriale
ne cesse de grimper et l'explication avancée çà et là, qui se limite à ne
montrer du doigt que les spéculateurs, ne semble plus convaincre les citoyens.
Pour eux, c'est clair, la régression des prix à la consommation ne peut être
atteinte que par l'intervention de l'Etat, non pas par des mesures
conjoncturelles telles l'ouverture de points de vente étatiques, ce qui
s'apparenterait à un retour aux Souks El-Fellah, mais par un contrôle rigoureux
de tout le circuit de commercialisation des denrées alimentaires qui échappe
totalement à l'autorité de l'Etat au nom du libéralisme économique. Sur les
marchés d'Oran, c'est la fièvre et les légumes de saison sont inabordables en
dépit de l'importance de l'offre. Les barons qui détiennent les leviers de
commande du marché préfèrent la mettre sous froid que d'inonder le marché,
évitant, par conséquent, de faire descendre les prix. Du coup, une question
traverse l'esprit des consommateurs : le recours tous azimuts aux frigos
n'est-il pas le meilleur moyen de favoriser la spéculation ? Une question
légitime et qui contient une part de vérité, si l'on se réfère aux mandataires
qui considèrent que la persistance de la hausse des prix s'explique par la
présence des opérateurs du froid qui préfèrent faire main basse sur la récolte
sur pied directement chez les agriculteurs pour ensuite alimenter le marché non
par rapport aux besoins exprimés, mais par rapport au maintien d'un certain
niveau des prix. Quand aux détaillants, ils affirment que leur activité a
régressé et, à titre d'exemple, la pomme de terre, dont le prix varie entre 60
et 70 dinars le kilo, est devenue un luxe et si, auparavant, on écoulait deux
quintaux par jour, actuellement, la demande ne dépasse pas le seul quintal.
L'oignon culmine encore entre 40 et 45 DA le kilo et le prix de la tomate
semble avoir été définitivement fixé à partir de 50 DA. Ceci fera dire à un
consommateur que la stratégie des barons du marché est de maintenir les prix
très haut et, demain, même si sous la pression, une diminution ne pouvait pas
être évitée, le prix ne peut pas descendre pour la pomme de terre, à titre
d'exemple, en dessous de 40 DA, un prix qui sera une bonne affaire pour les
consommateurs même s'il demeure encore élevé par rapport, d'une part, à celui
défini par le Sypralac, à savoir 25 DA, et, de l'autre, par rapport à celui
pratiqué chez les exploitants agricoles qui, parfois, sont dans l'obligation de
brader leur récolte. Une situation déjà vécue en 2007 et qui a fait que l'année
d'après, ces mêmes agriculteurs ont opté pour une culture «mieux rentable».