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Repos

par El-Guellil

Debout, c'est la Fête du travail. Comme chaque année, c'est la journée du repos. On prend le chemin de l'école buissonnière. Le réveil est bâillonné. Les chefs oubliés. Farniente se profile à l'horizon. En toute quiétude. C'est autorisé ce jour-là. Le patron, lui, est inquiet de cette journée chômée. Une perte sèche. Les salariés sont ravis de cette liberté annuelle. Certains, profondément engagés socialement, sont émus qu'une journée officielle leur soit dédiée pour leur contribution à la création des richesses. La reconnaissance de leur labeur. La possibilité de s'échapper à une journée supplémentaire de travail. Une liberté reconnaissante en sorte. En économie, le travail est un facteur de production. Il est fourni par des employés en échange d'un salaire. Le marché du travail est l'endroit où des actifs rentrent et sortent. Dans notre inconscient, le travail désigne l'effort. Le salaire. Parlons-en. Il est au centre du travail mais est tabou aussi bien pour le rémunéré que le rémunérant. Combien ça coûte vraiment le travail. Par rapport à quoi on juge qu'un travail vaut telle ou telle compensation ? Le marché, nous répond-on. Ce fameux marché. Il paraît que c'est la même logique que les coûts des fruits et légumes pratiqués par les marchands. Plus il y en a, moins on les vend chers. Donc, si on est nombreux à vouloir travailler du coup, les emplois pourraient manquer. Les places deviennent chères. C'est ça, il faut mettre au chômage un grand nombre d'entre nous pour garantir sa place. Tout cela devient compliqué. C'est pourquoi, nombreux sont ceux qui refusent cette course à la place. On n'y comprend pas grand-chose. Par contre, on sait qu'il n'y a pas de travail. Un travail, où l'effort n'aurait pas sa place, a du mal également à imposer le salarié sérieusement. Dans sa famille, dans son quartier, dans la société tout court. Comme si on devait absolument souffrir pour valoir en tant que travailleur. On a tous besoin de repos, mais faut-il avoir du travail...