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Le monde a-t-il besoin d'un dictateur ?

par El Yazid Dib

Le problème que rencontre ce nouveau monde n'est ni dans l'unipolirasation ni dans sa dualité. Il bouge trop à la recherche de la meilleure, soit la première place devant la barre de navigation. En fait, le dictateur c'est celui qui sait exploiter la force et non pas celui qui la possède. L'on dit souvent, dans d'autres domaines, «à quoi sert l'outil sans la méthode» ? Et que cette force n'est pas souvent dans la puissance des armes à feu, plus qu'elle se niche dans la finance, les médias et la domination des têtes et des idées. On ne voit plus d'ardeur pour le communisme, on voit la farine manquer là où la famine est une mort lente, on voit l'interdiction bancaire plus redoutable, comme sanction que le jet de missiles. C'est dire que la dictature sait se construire sans plaque de chantier ni nul permis. Invisible parfois, elle fait ses conquêtes sans effractions, avec assentiment en faisant créer un besoin vital.

Qui peut s'en passer de la soumission à Zuckerberg ? Le dictateur est aussi un banquier, une chaîne de télévision, un provider électronique ou un laboratoire pharmaceutique. Dans l'affaire de l'Ukraine, un certain monde passant pour être enclin aux sirènes démocratiques tend ériger l'ossature d'un nouveau dictateur mondial unipolaire. Cette affaire est pour ce monde une réorganisation géostratégique qui n'avait pas lieu d'être. Cela bloquerait l'hégémonie qui le caractérisait ces dernières années. On envahissait des pays, on bafouait des souverainetés, on subjuguait des peuples sans permettre un cri de douleur ou un assistanat amical. Biden, Macron ou Johnson ne présentent nullement, à l'apparence, la carapace d'un dictateur au moment où tout le monde, presque, l'attribue à Poutine. Le nouveau Tsar, l'ours de Russie. N'est-il pas possible pour une fois de tolérer l'indulgence à quelqu'un qui ne veut, entre autres, que défendre son espace ?

Le monsieur est en train d'attirer la sympathie de ce bas monde, celui des opprimés, des colonisables à volonté. Ceux-là mêmes qui n'ont, malheureusement d'alternative que de se ranger dans un camp où dans un autre. Pas de propre détermination pour se recréer ou se conglomérer dans une version tripolaire. Par ailleurs, n'est pas dictateur qui veut, sauf à la limite chez soi, dans son douar, pas plus.

Sinon pour l'être au niveau planétaire, il faudrait juste avoir beaucoup de haine envers l'humanité et d'ego envers ses semblables. Faut pas rêver, l'Occident n'est pas un ange, ni l'Orient un démon. La peur persistera à accompagner l'homme tant l'homme pourchassera son voisin ou son cousin.