
Loin du Hirak populaire qui, pour
l'instant, fait «match nul» avec le pouvoir, même si ce dernier multiplie
laborieusement les offres politiques de charme pour se dégager de l'impasse
héritée de l'ancien Régime, la Rue gronde. Il ne se passe pas une journée sans
que l'on signale des routes bloquées, des sièges d'APC cadenassés, des sit-in
et autres protestas aux quatre coins du pays. Soixante ans après le
recouvrement du soleil de la liberté, la satisfaction des besoins primaires des
populations, classée sous le générique fourre-tout de « zones d'ombre », reste la
revendication leitmotiv des populations aux quatre coins du pays. C'est que la
rue, ce dévidoir social par vocation, se réveille dans un gigantesque geyser de
colère, alors que la nouvelle équipe gouvernementale, version Djerad II, n'a pas encore trouvé la bonne thérapie pour
dégager le pays d'une dangereuse zone de turbulences.
Les mauvaises conditions économiques et sociales risquent
bien de brouiller la vue au nouveau cabinet gouvernemental, d'autant plus que
seul un « remède de cheval » peut remettre en marche, la gigantesque machine en
panne qu'est devenue l'Algérie, d'aujourd'hui. Et même si le commun des
Algériens ne voit pas la pilule passer avec des impôts et taxes inscrits au
titre de la Loi de finances 2021, les « mesures-bouclier » prises par le
gouvernement ne semblent pas avoir l'impact voulu sur la vie quotidienne des
Algériens, l'urgence étant d'adosser un pompier à chaque pyromane en puissance,
tant la conjoncture sociale laisse présager des jours douloureux. En attendant,
il s'agira pour l'exécutif de surveiller, comme du lait sur le feu, toute
velléité, délibérée ou pas, de titiller le détonateur d'une bombe sociale qui
garde encore intactes toutes ses capacités de nuisance. Parce que concilier un
immense chantier politique en cours, une politique économique performante avec
une justice sociale acceptée de tous, n'est-ce-pas là, à dire vrai, la plus
exaltante des œuvres humaines dignes d'un prix Nobel d'économie !