Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Covid 19 : une crise «écosanitaire» qui menace l'équilibre sociopolitique !

par Ali Benbekhti

Nous vivons dans une économie qui fonctionne sur le principe de la confiance en l'avenir et dans laquelle la majorité des entreprises fonctionnent au crédit. Chaque jour de travail compte pour dissiper l'appréhension d'un lendemain difficile.

Depuis Mars 2020, hormis quelques secteurs épargnés, les entreprises des plus petites au plus grandes ont vu leur chiffre d'affaire baisser de -10% à -100%. Le secteur du tourisme en entier est paralysé,celui de la papeterie, des fournitures scolaires, du transport (industriels et prestataires), les bureaux d'études et de consulting qui constituent un indicateur de bonne santé économique sont à l'agonie. Les investisseurs n'ont pas ou peu de visibilité sur l'avenir. Tout le monde attend et le temps coûte de plus en plus cher.

Les mesures de confinements et l'arrêt de plusieurs activités imposées par les gouvernements du monde agissent comme des mesures de déclenchement de crise artificielle. C'est comme si on avait initié un cercle vicieux ou une sorte de dynamique économique négative.

Confinement et Fermetures imposées

Ces mesures ont des répercussions sévères qui montrent lessymptômes d'une crise économique qui promet de durer. La baisse d'activité imposée a provoqué des faillites en masse et un chômage galopant. Pour les entreprises qui survivent, les chiffres d'affaire en chute imposent une réduction des salaires pour les travailleurs toujours en poste.

La baisse des revenus (salaires et chiffre d'affaire) engendre une réduction de la consommation, l'avenir étant incertain, beaucoup de dépenses sont supprimées tuant des secteurs économiques entiers. Les mesures anti Covid-19 causent déjà l'appauvrissement d'une partie de la population. Les recettes fiscales seront catastrophiques pour l'État car sans activité, il n'y a pas de taxe, et sans revenu, il n'y a pas d'impôts.

A court terme, on peut compter sur les réserves financières, l'endettement,ou plus grave, on risque d'être séduit par des solutions « Courtermistes » comme la planche à billet pour continuer à verser les salaires nécessaires aux fonctionnement des institutions et des services publics (santé, justice, sécurité...).

Sur ce point, Il ne faut surtout pas compter sur la rationalité des dirigeants et des « Sorciers de la Finance ».

Le pouvoir d'achat étant déjà mal en point, l'économie fonctionnera momentanément sous perfusion avant que les effets de l'inflation et la panique ne gagnent toutes les couches sociales. Les individus chercheront désespérément à convertir leurs liquidités en biens matériels, ce qui accentuera la hausse des prix et créera une rués vers les biens tangibles à « Valeur Refuge ».

Pas besoin d'être un économiste pour comprendre les effets d'une perte de confiance en une monnaie...

La crise sanitaire est en train de muter en crise économique qui risque d'engendrer une crise sociale et politique.

Si par malheur cela se produit, le Covid-19 ne sera pas la principale cause de mortalité...

On peut continuer l'enchaînement causal de ce sinistre déterminisme mais ce n'est pas l'objectif. Le but de cet exposé n'est pas de plomber le moral du lecteur ni d'accentuer ses angoisses mais plutôt d'attirer l'attention sur la gravité de la situation et l'urgence de réfléchir et d'appliquer un plan de relance.

Le défi est doublement difficile dans le contexte actuel algérien. Le gouvernement est fraîchement installé apparemment, il ne semble pas avoir trouvé sa « DreamTeam ». Il faut aussi du temps à une nouvelle équipe pour atteindre une certaine efficacité organisationnelle, une fluidité de fonctionnement et une productivité de ses membres. Des éléments nécessaires pour la conception et l'application d'un plan de relance bien pensé et bien ordonnancé.

Les questions à se poser sontles suivantes:

L'Algérie a-t-elle les moyens organisationnels et humains pour concevoir et appliquer un plan de relance pour survivre à cette crise avec le temps qui joue contre elle?

La société avec ses universités, ses syndicats, ses associations et ses élites est-elle prête à se mobiliser et participer à l'effort ?

Les réponses à ces questions déterminerontle cours des prochaines décennies. A suivre...