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A (re-)lire et a méditer

par Belkacem Ahcène-Djaballah

La Peste. Roman de Albert Camus (présenté par Tayeb Bouguerra). Enag Editions, Alger 2012 (livre de poche), 250 dinars, 349 pages L'histoire se passe à Oran. Les années 30-40. Quartier européen. Immeuble du centre-ville. Un médecin qui trouve, tôt le matin, dans l'escalier, le cadavre d'un rat. Il y en aura d'autres. La peste est là, mais personne n'y croit, chacun ne voyant que « midi à sa porte ». Et pourtant, elle est bien là. Le roman est publié en 1947 juste après la Seconde Guerre mondiale, donc écrit certainement à partir de 45. C'est une œuvre qui nous marque par sa contemporanéité avec toutes les (anciennes, mais) nouvelles maladies, l'incivisme, l'intolérance religieuse, le racisme, l'extrémisme, le terrorisme et, aujourd'hui, le Coronavirus 19 des « pestes » aux couleurs diverses et aux dégâts multiples.

Extraits: « Personne ne sera jamais libre tant qu'il y aura des fléaux » (p 53), « Chacun la porte en soi, la peste, parce que personne, non, personne au monde n'en est indemne. Et (qu') il faut surveiller sans arrêt pour ne pas être amené, dans une minute de distraction, à respirer dans la figure d'un autre et à lui coller l'infection. Ce qui est naturel, c'est le microbe. Le reste c'est un effet de la volonté et d'une volonté qui ne doit jamais s'arrêter » (p 288), « Le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, (qu')il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, (qu') il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et (que), peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse » (p 349).