Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Projections

par Moncef Wafi

Les forces de l'ordre sont-elles mobilisées pour compenser l'incompétence de l'administration ? C'est en tous les cas la première impression qui se dégage des différents affrontements entre des contestataires issus des différents secteurs économico-professionnels et les services d'ordre déployés pour éviter toute tentative d'occupation de l'espace public. Ce qui vient de se passer à Tizi Ouzou en est la parfaite illustration puisque les affrontements entre des étudiants et des policiers enregistrés, dans la soirée de dimanche dernier, aux abords du campus Hasnaoua de l'université Mouloud Mammeri avaient pour origine des conditions d'hébergement et la mauvaise qualité de la restauration.

Ce qui aurait dû n'être qu'un problème interne à gérer par les responsables administratifs en charge du dossier a débordé sur la rue et conduit à une confrontation directe entre policiers et étudiants. Cette incapacité dans la gestion des affaires publiques et l'impunité dont jouissent certains ronds-de-cuir locaux ont grandement nui à la stabilité du pays, précipitant des milliers de contestataires dans la rue pour revendiquer des solutions qui auraient dû être prises en amont.

Ce laxisme, parfois délibéré, de laisser pourrir les situations conflictuelles suppose l'existence d'une volonté préméditée de pousser à la confrontation, s'appuyant sur un dispositif répressif qui, somme toute, est dans sa logique.

Pousser des étudiants face à des policiers, dont la consigne est d'empêcher toute manifestation sur la place publique, relève de l'inconscience. Pire, cela dénote une forme de mépris et d'incompétence criarde qu'on occulte derrière les boucliers et les matraques des forces anti-émeutes. Au lieu de circonscrire les problèmes logistiques, résoudre les conflits en interne et privilégier le dialogue à travers des médiations, même externes, on préfère s'en remettre au travail des forces de l'ordre. Les exemples sont légion et vont d'un simple conflit de travail localisé à des revendications socioprofessionnelles plus générales.

L'épisode de la répression brutale des médecins résidents est toujours vivace et les autorités auraient pu faire l'économie d'une démonstration de force malheureuse si le dossier avait été traité avec davantage de sérieux. Reste qu'au lieu de favoriser l'apaisement à travers la recherche de solutions, même intermédiaires, on envoie la cavalerie à chaque manifestation.