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Qui est responsable de la confusion ?

par Kharroubi Habib

C'est le contexte politique et social dans lequel nous évoluons à l'approche de l'élection présidentielle «marqué par la confusion qui a gagné les scènes politique et médiatique et suscité l'appréhension des citoyens sous l'effet des manœuvres de désinformation internes et externes arguant de l'existence supposée, entre les hautes institutions, de conflits aux conséquences redoutables sur la sécurité et la stabilité» qui aurait selon lui obligé Bouteflika à s'exprimer afin de rétablir les choses dans leur juste perspective. A l'en croire donc sont responsables de cette confusion les politiques et les médias nationaux coupables d'avoir développé des «thèses subversives» sur l'existence de conflits entre les institutions de l'Etat qui leur auraient été inspirées par des vecteurs étrangers hostiles à l'Algérie.

Sachant cela, pourquoi donc le chef de l'Etat n'a pas réagi plus promptement pour rétablir les choses dans leur «juste perspective» ? N'avait-il pas été interpellé afin qu'il intervienne pour clarifier ces «choses» dont la présentation avait bien avant qu'il ne se décide à le faire pris une tournure qui a alimenté les plus grandes inquiétudes sur le risque encouru par l'Algérie plongée dans un climat délétère et rendu encore plus angoissant par la propagation sans réplique officielle des rumeurs et supputations les plus alarmistes ? Si la confusion a effectivement gagné les scènes politique et médiatique avec pour conséquence d'avoir suscité l'appréhension des citoyens, c'est au chef de l'Etat qu'incombe la responsabilité, car son silence prolongé en a été incontestablement la source et l'origine de toutes les spéculations qui l'ont instaurée.

L'effet déclencheur de ce que Bouteflika a qualifié de «manœuvres de désinformation» internes et externes n'a pas été la charge lancée par Amar Saadani contre le DRS et son patron le général Mediene, mais la révélation intervenue bien avant faisant état de la restructuration de ce service décidée par le chef de l'Etat en sa qualité de chef suprême des armées et ministre de la Défense. C'est cette restructuration qui a donné corps à la thèse de l'existence d'un conflit au sommet que les sorties de Saadani n'ont fait qu'amplifier la crédibilité auprès de ses tenants. Bouteflika a fait référence à cette décision qui a enclenché le débat sur l'existence d'un conflit au sommet pour faire valoir à juste titre que des restructurations de même nature interviennent dans d'autres pays sans donner lieu à aucun commentaire alarmiste et subjectif. Sauf qu'il a omis de dire que dans ces pays elles sont précédées par de larges concertations et dans un climat de transparence qui ne font pas place aux calculs politiciens.

Celle dont il en a été l'initiateur, quoique légale constitutionnellement, ne pourrait qu'ouvrir la voie à la rumeur et aux spéculations parce que intervenue dans un contexte qui était propice aux lectures «subjectives» qui en ont été faites et que ni lui ni d'autres responsables officiels dûment habilités n'ont jugé nécessaire de faire les clarifications qui s'imposaient. Si donc la confusion a submerge les scènes politique et médiatique, c'est dans le mépris officiel affiché auxquelles elles se sont heurtées qu'il faut en voir l'origine.