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Y a-t-il un pilote dans l'avion?

par Kharroubi Habib

La grève qui a paralysé Air Algérie quatre jours durant a pris fin, au grand soulagement des clients de la compagnie s'étant retrouvés otages et victimes d'un bras de fer, dont la gestion par les autorités et la direction générale de l'entreprise a été calamiteuse et pour tout dire franchement irresponsable.

 La faute des officiels est d'avoir été tentés de jouer le pourrissement du conflit, tout en sachant les conséquences qu'il allait entraîner en cette période de pointe dans l'activité de la compagnie aérienne. De ce calcul, il en a découlé le calvaire de ses clients là où les ont surpris le débrayage et les effarantes situations auxquelles ils ont été confrontés.

 D'aucuns ont fustigé les grévistes en les accusant d'avoir agi par le principe que la fin justifie les moyens en débrayant en pleine saison estivale, donnant ainsi à leur mouvement revendicatif plus de visibilité et de force de pression. Soit, mais les autorités se devaient alors de réagir autrement qu'en faisant la sourde oreille. Elles ne se sont départies de leur attitude initiale que quand la situation faite aux clients d'Air Algérie est devenue proprement scandaleuse, dont les chaînes de télévision françaises ont diffusé au monde entier des images dévalorisantes pour le prestige de l'Algérie et de son Etat.

 Irresponsables à l'égard de leurs citoyens, elles auraient peut-être persisté à jouer le pourrissement, n'eût été le rappel fait à leur adresse par le secrétaire d'Etat français aux Transports. C'est de leur devoir de prendre en charge leurs citoyens laissés en déshérence dans les aéroports français.

 Ce conflit d'Air Algérie, parce qu'il a eu des répercussions ailleurs aussi que dans le pays, a donné à constater internationalement que l'Algérie n'est « pas en vacances mais en vacance », selon l'expression juste formulée par notre confrère Abed Charef

 Que le PDG de la compagnie, nouvellement intronisé, ait « cafouillé » dans un conflit qui lui est tombé sur les bras et dont les tenants et aboutissants lui ont été peut-être dissimulés, cela est concevable. Mais où étaient le ministre de tutelle et les autorités plus haut placés, qui eux n'en ignoraient rien ? Ils ont laissé faire, jusqu'à ce que la pagaille dans les aéroports nationaux et internationaux où Air Algérie a laissé en plan ses clients soit devenue inacceptable.

 Même la négociation engagée après cela par les autorités a emprunté un cheminement surréaliste. Plutôt qu'instruire le président d'Air Algérie à s'asseoir à la table des négociations avec les représentants du personnel gréviste, elles ont opté pour la médiation d'un responsable syndical dont l'organisation n'est nullement impliquée dans le mouvement revendicatif.

 Dans un pays où les prérogatives des commis de l'Etat sont respectées, une telle démarche aurait provoqué la démission de ceux qu'elle a ignorés. Amar Tou, l'inénarrable ministre, et le PDG d'Air Algérie n'en feront rien. Peu leur importe d'avoir été mis à la marge, qu'Air Algérie pâtisse d'une peu honorable renommée et que ses clients aient eu à souffrir un calvaire du fait de leur manque de réactivité.

 C'est, hélas, le comportement de tout le personnel à qui il est confié la gestion des affaires du pays. Quoi d'étonnant alors que les citoyens revendiquent du changement radical, dont la prime manifestation passe par le renouvellement au plus profond de sa classe dirigeante.