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Un mois pour réaliser l'impossible

par Kharroubi Habib

Le sommet arabe extraordinaire de Syrte a accordé son ferme soutien aux Palestiniens qui refusent de négocier avec Israël à l'ombre de la colonisation. Mais plutôt que d'encourager Mahmoud Abbas à rompre immédiatement les pourparlers directs avec l'Etat hébreu au motif de l'intransigeance de ses dirigeants à geler cette colonisation, les chefs d'Etat et de gouvernement arabes ont opté pour différer d'un mois la décision dans ce sens. Délai ainsi accordé au président américain Barack Obama, parrain des pourparlers directs palestino-israéliens, pour tenter d'éviter la faillite du processus de paix redémarré à son initiative.

L'on ne peut avancer que Palestiniens et Arabes entretiennent l'espoir que le président américain est en volonté et en situation d'arriver à lever l'hypothèque qui plane sur la poursuite des négociations palestino-israéliennes. Leur geste en tout cas tend à lui signifier que la balle est dans le camp américain et qu'en ne se hâtant pas à prendre une décision irrévocable, ils font preuve de leur volonté d'offrir à son pays l'opportunité de faire quelque chose pour sauver ces négociations.

En optant pour la temporisation, la partie palestino-arabe a émis un signal de bonne volonté en direction des opinions et de la communauté internationale, qui contredit la réputation d'avorteuse des négociations de paix que les propagandes d'Israël et de ses alliés lui collent systématiquement aux échecs de celles-ci. La balle est désormais dans le camp américain et de tous ceux qui veulent réellement que le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens se poursuive et aboutisse.

Ce qui veut dire qu'ils ne doivent pas se contenter de prendre acte avec satisfaction du délai que Palestiniens et Arabes ont convenu de respecter. Ils doivent d'abord et avant tout conjuguer leurs pressions sur l'état d'Israël pour lui faire admettre l'exigence de l'arrêt de la colonisation, dont ils reconnaissent eux-mêmes qu'elle est un préalable incontournable à des négociations de paix.

Toute la question est de savoir jusqu'où ils sont déterminés à aller pour faire entendre raison à Benyamin Netanyahu et son cabinet. Barack Obama se contentera-t-il en effet de faire à nouveau appel à «la sagesse» et au réalisme des dirigeants israéliens qui sont restés sourds à ceux qu'il leur a adressés auparavant ? Ou bien va-t-il faire monter la pression sur eux en leur signifiant qu'en la circonstance, leur entêtement est antinomique de l'intérêt stratégique des Etats-Unis et de l'Occident d'une manière générale ?

Il est en tout cas de son intérêt, en tant que chef du camp démocrate américain, que son initiative de reprise des pourparlers palestino-israéliens n'avorte pas, alors que les élections à mi-mandat pointent en Amérique. S'ajoutant aux déboires que subissent ses politiques économique et sociale dans le pays et militaire en Afghanistan, l'échec du processus de paix au Proche-Orient aura un impact aggravant sur les chances électorales du camp présidentiel.

Le sommet arabe lui a en tout cas offert celle de tenter d'engager les atouts dont il dispose à l'égard d'Israël pour amener ce pays à renoncer à l'utopie d'une paix à son seul avantage, excluant les concessions que demandent en contrepartie les Palestiniens et les Arabes.

A Obama donc de prouver qu'il a bien mérité par anticipation le prix Nobel de la paix.