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Opinion :
Imposée par l'Histoire: Le dilemme stratégique des États-Unis dans la fin de la guerre en Ukraine
par Medjdoub Hamed* Que peut-on dire de cette
frénésie de rencontres aux États-Unis, en Russie, en Europe et de nouveau aux
États-Unis, à Miami, c'est la nième rencontre pour négocier la paix en Ukraine
? Que signifient-elles ?
Prenons que les dernières négociations depuis ce vendredi historique du «19 décembre 2025». Une date qui a tout son sens à la fois pour la Russie, l'Europe et les États-Unis. Pour la Russie, le président russe a présenté un bilan de l'année à Moscou, en 4 heures 28 minutes, qui est très révélateur sur la situation sur le front, le plan de paix pour l'Ukraine, les relations avec l'Occident. Pour l'Europe, c'est ce qui s'est passé, à l'issue du sommet de l'UE qui s'est tenu à Bruxelles. Les dirigeants de l'UE ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur l'utilisation des actifs gelés de l'État russe dans le cadre d'un prêt de réparation pour l'Ukraine. Finalement, 24 états membres sur 27, lors de ce sommet, ont convenu d'un emprunt commun de 90 milliards d'euros pour assurer le financement de l'Ukraine pour 2026 et 2027 ; trois pays, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque ont refusé de soutenir l'Ukraine. Troisième événement le vendredi 19 décembre 2025. Les États-Unis annoncent de nouveau une reprise de pourparlers sur le projet de Donald Trump pour mettre un terme à la guerre en Ukraine. Comme les précédentes, elle a lieu à Miami, en Floride ; les pourparlers se sont poursuivis entre Européens, Ukrainiens et Américains et l'envoyé russe, pendant trois jours, du 19 au 21. Ce qui nous intéresse surtout c'est ce qui ressortira sur cette nième négociation sur le plan de Donald Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Relevons certaines déclarations que nous lisons sur le Direct du journal français Le monde (1), aujourd'hui, dimanche 21, et essayons de comprendre ce qui se passe et ce qui augure pour l'Ukraine et la Russie, en cette fin d'année 2025. Dans le sens que la guerre prenne fin en Ukraine dans les prochains mois ? Ou se poursuivra-t-elle toute l'année 2026 ? Tout d'abord, première déclaration du premier ministre hongrois, Viktor Orban, sur le Direct du journal Le Monde. «Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, connu pour ses positions prorusses, a déclaré, dimanche sur X, qu'une défaite de Kiev aurait de lourdes conséquences pour son pays. «Ne vous y trompez pas : l'effondrement de l'Ukraine serait une catastrophe pour la Hongrie, a-t-il jugé. La stabilité de son voisin est importante. La Hongrie fournit 44 % de l'électricité et 58 % du gaz de l'Ukraine. Pendant ce temps, la guerre affaiblit l'Ukraine jour après jour. Seule la paix peut la renforcer. Quiconque soutient véritablement l'Ukraine doit vouloir la paix, et la vouloir maintenant.» Le premier ministre hongrois, malgré ses positions pro-russes, parle déjà d'effondrement de l'Ukraine ; ce qui est une annonce et pour lui seule la paix peut la renforcer. La position du secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, sur la guerre en Ukraine, a beaucoup d'importance sur la guerre en Ukraine. Sur le Direct du journal Le Monde : «Pour le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, Vladimir Poutine est le principal obstacle à la paix en Ukraine. Interrogé par le quotidien allemand Bild, dans un entretien publié dimanche, sur la raison pour laquelle il est si difficile de mettre fin à la guerre en Ukraine, le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a répondu : «La raison, c'est Poutine !» «Il est prêt à sacrifier 1,1 million de ses propres citoyens, a-t-il ajouté. Et cette année, ses progrès sont minimes : des gains territoriaux négligeables, moins de 1 % du territoire ukrainien par rapport au début de l'année. De ce fait, selon nos estimations, jusqu'à 1,1 million de personnes ont été tuées ou blessées du côté russe.» Le Néerlandais a également déclaré que «plusieurs pays européens ont déclaré être prêts à fournir des troupes, si nécessaire». «Des travaux sont en cours pour définir la structure précise de cette coalition des volontaires : comment se déroulerait un déploiement ? Que se passerait-il sur terre, en mer, dans les airs, etc. ? Tous ces éléments sont en cours d'élaboration», a-t-il poursuivi. M. Rutte affirme aussi avoir «un grand respect» pour le président américain, Donald Trump, «le seul à avoir réussi à amener [Vladimir] Poutine à la table des négociations et le seul qui puisse finalement le contraindre à faire la paix». Même si le locataire de la Maison Blanche a déjà «perdu son sang-froid à plusieurs reprises», rappelle-t-il, le secrétaire général de l'OTAN ne s'attend «absolument pas» à ce que les Etats-Unis retirent leur soutien à l'Ukraine. «Ce que nous constatons actuellement, c'est que les échanges d'informations et les livraisons d'armes à l'Ukraine se poursuivent», note-t-il.» (1) Cependant, en réponse à M. Rutte, une question se pose : «Qui organise et ne cesse d'organiser les pourparlers ? N'est-ce pas les États-Unis qui sont la seule puissance au monde à être à parité en ogives nucléaires avec la Russie. Donc les deux plus grandes puissances nucléaires du monde, dont une est en guerre, la Russie, et l'autre cherche à mettre fin à la guerre, pour éviter un embrasement mondial que l'Amérique de Donald Trump n'en veut pas ; l'Amérique cherche à tout prix à mettre fin à une guerre qui a beaucoup duré ; le 24 février 2026, la guerre bouclera quatre années, et suivra une cinquième année de guerre si elle continuera. Toujours sur le Direct (Le Monde) : «Pourparlers sur l'Ukraine : le négociateur ukrainien annonce une nouvelle rencontre avec la partie américaine à Miami «Troisième jour de travail aux États-Unis, a écrit, dimanche sur Telegram, le négociateur en chef de Kiev, Roustem Oumerov. Aujourd'hui, avec le lieutenant général Andriy Hnatov, nous aurons une autre réunion avec la partie américaine.» Des pourparlers menés par Steve Witkoff, l'envoyé spécial de Donald Trump, et Jared Kushner, le gendre du président américain, ont lieu depuis vendredi à Miami, en Floride, avec les envoyés ukrainiens et européens d'une part, et l'émissaire russe Kirill Dmitriev, arrivé samedi, d'autre part. «Nous travaillons de manière constructive et concrète, affirme M. Oumerov. Nous comptons sur de nouveaux progrès et des résultats pratiques.» Les envoyés américains rencontrent également l'émissaire russe Kirill Dmitriev pour la deuxième fois dimanche. «Les discussions se déroulent de manière constructive», avait déclaré samedi à des journalistes Kirill Dmitriev.» (1) Que constate-t-on ? Toutes les discussions se déroulent de manière constructive, selon les négociateurs américains, ukrainiens, y compris l'émissaire russe Kirill Dmitriev qui est présent pour la deuxième fois, à Miami. Donc tout laisse à penser que le plan de paix de Donald rump est sur la bonne voie. Enfin, à 19h29, sur le Direct du journal Le monde, on lit : «Les travaux sur les documents relatifs à la fin de la guerre, aux garanties de sécurité et à la reconstruction se poursuivent», affirme Volodymyr Zelensky. Alors que les pourparlers continuent à Miami, en Floride, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a confirmé, dimanche soir sur X, que «d'autres réunions [étaient] prévues aujourd'hui avec la délégation américaine et les envoyés du président [Donald] Trump». «Les travaux sur les documents relatifs à la fin de la guerre, aux garanties de sécurité et à la reconstruction se poursuivent, a-t-il déclaré. Chaque point est examiné en détail et la partie américaine se montre constructive.» «C'est important. Ils discutent également du calendrier, c'est-à-dire des délais possibles pour prendre des décisions spécifiques.» Il a précisé attendre les «détails de la discussion» de la part de ses émissaires sur place, Rustem Umerov et Andri Hnatov. Un peu plus tôt dans la journée, il avait regretté des signaux «uniquement négatifs» de la part de Moscou : «des assauts le long de la ligne de front, des crimes de guerre russes dans les zones frontalières et des frappes continues contre [les] infrastructures» ukrainiennes.» (1) Enfin, à la demande du président français Emmanuel Macron de dialoguer avec le président russe Vladimir Poutine, on lit sur le Direct (Le Monde) : «Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait déclaré dans la nuit de samedi à dimanche que Vladimir Poutine était «prêt au dialogue» avec son homologue français, qui avait lui-même fait un pas en ce sens vendredi [19 décembre 2025] à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles. Emmanuel Macron avait jugé qu'il allait «redevenir utile» pour les Européens de parler à Vladimir Poutine, plutôt que de laisser seuls les Etats-Unis à la manœuvre dans les négociations pour mettre fin au conflit.» (1) Il est clair que la perspective d'un cessez-le-feu et d'une négociation de paix se précise, et le président français n'est pas allé par quatre chemins ; parler à Poutine n'est pas seulement utile, c'est une nécessité pour l'après-guerre. Que peut-on dire de ces tractations entre les représentants européens, ukrainiens, et un seul émissaire russe Kirill Dmitriev, à Miami, en Floride ? Et les États-Unis qui chapeautent ces tractations qui n'ont pas cessé durant l'année 2025, et les précédentes ont toutes échouées, et «celle-ci, depuis le plan de paix de Donald Trump «en 28 points», n'a pas cessé de faire des vagues, le plan de paix a même été suivi d'un ultimatum de Trump à l'Ukraine, le 27 novembre 2025.» Si le plan de paix de novembre 2025 a provoqué des ondes de choc diplomatiques en raison de ses conditions jugées très favorables à la Russie, il demeure que le plan de Donald Trump est toujours d'actualité ; bien plus, il commence à être accepté par l'Ukraine et les pays européens alliés à l'Ukraine. Déjà, le problème des avoirs russes gelés en Europe a trouvé solution ; les fonds gelés russes ne seront pas utilisés pour l'Ukraine, ils sont remplacés par un fond européen de 90 milliards d'euros, qui est un emprunt commun de 24 pays d'Europe sur les 27 ; ce qui est une avancée majeure compte tenu que tant d'encre a coulé sur ces fonds russes. De même la demande d'Emmanuel Macron de se rapprocher de Poutine, et d'inciter les dirigeants européens à faire de même lors de la réunion, à Bruxelles, le vendredi 19 décembre 2025, est aussi éloquente sur ce qui est en train de s'opérer sur ces pourparlers qui, selon les négociateurs, sont tous «constructifs» ; et surtout la situation sur le front de guerre en Ukraine est très favorable à la Russie. Sans cette situation, il est impossible que la Maison Blanche convoque Européens et Ukrainiens à la table des négociations, à Miami. Il faut dire que la situation de guerre en Ukraine s'est réellement décantée en cette fin d'année 2025 ; aujourd'hui, la guerre en Ukraine qui boucle bientôt quatre année n'est plus bloquée ; tout montre que l'armée russe remportera la victoire ; sinon pourquoi ces tractations qui ont duré toute l'année 2025 ; ils n'ont pratiquement pas été interrompus et se sont accélérées en cette fin d'année. La seule réponse : «Il y a urgence de mettre fin à la guerre en Ukraine, sinon la fin de guerre serait pire pour l'Ukraine et l'Occident.» Et c'est là le dilemme stratégique pour les États-Unis dans la fin de la guerre en Ukraine ; un dilemme dans cette fin de guerre qui est, en réalité, imposée par l'Histoire. Bien sûr, il faut négocier cette fin de guerre ; mais cette fin de guerre passera inévitablement par l'acceptation par l'Ukraine de concessions territoriales revendiquées par la Russie, et que sont les quatre oblasts Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia, déjà annexés et ne sont pas négociables. Donc tout ce que l'Ukraine a revendiqué et ses alliés européens qui lui ont apporté leur soutien indéfectible à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'indépendance de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues, tombera à l'eau. Et c'est là le plus grave, le plus dur à accepter par les États-Unis en premier, parce qu'ils n'ont pas le choix, s'ils avaient le choix, ils auraient attendu que la Russie fasse le premier pas ; or la Russie est resté inflexible, acceptant de négocier la fin de la guerre mais avec «des lignes rouges». D'autant plus que les États-Unis ne sont pas et ne peuvent pas être intéressés par une escalade avec la Russie ; entrer en guerre contre la Russie mènerait les deux puissances mondiales à un «suicide mutuel». Donald Trump a déjà évoqué le risque d'une «troisième guerre mondiale» ; ses propos ont provoqué une onde de choc mondiale. Force de dire que les États-Unis sont obligés de négocier la fin de la guerre en Ukraine, et ni l'Ukraine ni les pays d'Europe ne peuvent empêcher les États-Unis d'y mettre fin à la guerre puisque l'Europe elle-même doit sa protection avant tout à la puissance américaine ; elle n'est pas de taille face à la Russie. Sur cette guerre, on peut même dire que «l'histoire se répète.» La Première Guerre mondiale a été déclenchée en 1914, par les puissances européennes, à l'époque ; la Deuxième Guerre mondiale aussi, et, pour les deux guerres mondiales qui se sont suivies à vingt ans d'intervalle, elles se sont terminées par la fin de la colonisation du monde. Une finalité dans ces deux guerres mondiales ? Force de l'admettre ; il n'y a pas de buts sans causes, c'est le principe même de la causalité ; rien n'arrive par hasard ; la guerre comme la paix relèvent de buts et de causes précises. La guerre en Ukraine a certainement un sens, à l'instar des guerres passées. L'Europe veut toujours plus l'élargissement de l'Union européenne pour apparaître un adversaire de taille face à a Russie, la Chine, l'Inde y compris aux États-Unis. Mais toute puissance a une limite qu'elle ne peut dépasser au détriment d'une autre puissance ; et là l'Europe n'a pas bien appris la marche de l'histoire, comme d'ailleurs les États-Unis qui croient toujours en leur étoile. Si l'URSS s'est effondré en 1991, c'est qu'elle devait s'effondrer ; à la fin, sa structure comme elle l'était, sa finalité pour laquelle elle s'est érigée «n'était plus adaptée à la marche du monde qui ne cessait d'avancer et se transformer». Même cas pour l'Europe ; l'Union européenne, par cette guerre, doit se réviser et sortir des sentiers battus ; elle doit, après la fin de la guerre en Ukraine, trouver ce qui peut la remonter, la fortifier ; elle le trouvera dans la «marche de l'histoire» comme d'ailleurs toutes les puissances du monde viendront à évoluer. Une loi de l'histoire, les nations ne font pas du surplace ; en avançant, elles s'adaptent aux nouvelles donnes du monde. *Chercheur Note : https://www.lemonde.fr/international/live/2025/12/21/en-direct-guerre-en-ukraine-les-discussions-se-poursuivent-a-miami-une-nouvelle-reunion-prevue-dimanche-entre-les-americains-et-les-ukrainiens_6658995 _3210.html |
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