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Scènes tragiques de familles sans-abri: Ghaza affronte la mort lente

par Mohamed Mehdi

Dimanche, 80e jour du cessez-le-feu, Israël continue de transgresser unilatéralement l'accord de Charm Al-Cheikh, en commettant, depuis le 11 octobre 2025, plus de 960 violations du cessez-le-feu, et de ne pas respecter le volet des aides humanitaires préconisé par le «plan de paix», dans ce qui semble être une démarche menée en total accord avec l'administration Trump.

Les pluies torrentielles et les vents violents qui s'abattent sur Ghaza depuis samedi après-midi ont provoqué l'inondation et l'effondrement de milliers de tentes, faisant également deux martyrs : un enfant et une jeune femme.

Selon des sources médicales citées par Al Jazeera, la jeune femme, qui était âgée de 30 ans, est décédée sur le coup lorsqu'un mur d'une maison s'est effondré sur sa tente, sous l'effet des vents violents, dans la zone portuaire du quartier al-Rimal. Plusieurs membres de sa famille ont été blessés.

La Protection civile de Ghaza a indiqué, de son côté, que ses équipes ont repêché le corps sans vie d'un enfant qui s'était noyé dans un puits pendant la tempête.

Les équipes de la Protection civile sont intervenues auprès de dizaines de tentes inondées, avec les habitants, pour pomper l'eau accumulée et déboucher les canalisations. Des tentes ont été également distribuées aux sinistrés, en collaboration avec des organisations caritatives, ajoute la même source.

Sur les réseaux sociaux, comme sur Al Jazeera et de nombreux médias palestiniens, des scènes tragiques montrent des familles entières affrontant un froid glacial et des pluies torrentielles qui ont inondé leurs tentes déjà délabrées.

Comme lors des précédentes intempéries, des dizaines de familles se retrouvent sans abris, alors que l'occupation israélienne continue, avec la flagrante complicité de l'administration Trump, d'empêcher l'acheminement de matériel d'abri, notamment de maisons mobiles, et des équipements pour déplacer les débris des bâtiments bombardés et la remise en état du système d'assainissement.

Cité par Al Jazeera, Amjad al-Shawa, directeur du Réseau des ONG dans la bande de Ghaza, a déclaré que 900.000 personnes subissent une catastrophe humanitaire sans précédent sous des tentes délabrées.

L'armée israélienne a tué 706 membres de familles de journalistes à Ghaza

Dans un rapport publié samedi, le Syndicat des journalistes palestiniens (SJP) révèle que «le ciblage des journalistes palestiniens par l'armée d'occupation israélienne» s'est étendu «à leurs familles et proches» dans le but manifeste de «transformer le travail journalistique en un fardeau existentiel, dont le prix est payé par les enfants, les épouses, les parents».

Le rapport, fruit d'un travail de documentation mené entre 2023 et 2025, par le «Comité des libertés» du syndicat, fait état «d'environ 706 membres de familles de journalistes» tués par l'armée israélienne dans la bande de Ghaza».

«Tous les éléments confirment que ces attaques ne sont pas des incidents accidentels liés au contexte de guerre», note le Comité dans son rapport, citant le cas, dévoilé il y a quelques jours seulement, des «corps de la journaliste Hiba al-Abadla, de sa mère et d'une quinzaine de membres de la famille al-Astal, retrouvés près de deux ans après les frappes aériennes israéliennes qui ont visé leur domicile à l'ouest de Khan Younes».

Selon le Comité pour les libertés, le nombre de martyrs issus des familles de journalistes palestiniens s'élève à 436 martyrs en 2023, 203 martyrs en 2024 et 67 martyrs en 2025.

L'étude explique que «malgré les déplacements forcés et la vie sous des tentes et dans des abris, ces chiffres signifient que des centaines d'enfants, de femmes et de personnes âgées ont été tués en raison du lien professionnel d'un membre de leur famille avec le journalisme».

Les faits documentés montrent que «ces attaques ont pris de nombreuses formes», ajoute le Comité du SJP. «D'un ciblage individuel à un ciblage collectif, le journaliste n'est plus la seule cible. Sa famille devient un instrument de pression et de punition collective», lit-on dans le document.

Outre le ciblage du journaliste et de sa famille proche ou élargie, l'armée d'occupation sioniste vise également à «détruire le soutien social aux médias» pour faire en sorte que la «société elle-même craint d'accueillir ou de soutenir les journalistes».

Le rapport note également que «les conséquences de ces crimes ne se limitent pas aux pertes humaines, mais s'étendent à de profonds traumatismes psychologiques pour les journalistes qui ont perdu leurs enfants, conjoints ou parents». Le but étant de «leur infliger un profond sentiment de culpabilité dans le cadre d'une campagne systématique de guerre psychologique» contre les médias à Ghaza.

Le Syndicat des journalistes palestiniens exige «une enquête internationale indépendante» ; «une action urgente de toutes les instances de défense des droits humains et syndicales aux niveaux local, régional et international» ; «la mise en place d'une protection internationale pour les journalistes palestiniens et leurs familles» ; et «l'inscription de ces crimes dans les dossiers de poursuites judiciaires internationales».