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Interdiction du cash et approvisionnement du marché: Mises en garde contre d'éventuelles perturbations
par M. Aziza Dans le cadre de sa stratégie
visant une inclusion financière totale, la Banque d'Algérie a décidé
d'interdire les versements en espèces sur les comptes commerciaux. Une mesure
qui, bien que saluée sur le principe, suscite déjà des inquiétudes quant à ses
effets immédiats sur le fonctionnement du marché.
Dans une déclaration au Le Quotidien d'Oran', Mustapha Zebdi, président de l'Association nationale de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), reconnaît que «la Banque d'Algérie dispose de toutes les prérogatives pour prendre les décisions qu'elle juge nécessaires à la protection de l'Economie nationale». Toutefois, il estime que certaines mesures, lorsqu'elles sont appliquées sans période d'adaptation, «se heurtent inévitablement à la réalité du terrain». Selon lui, à peine trois jours après l'entrée en vigueur de cette décision, des signes de perturbation commencent déjà à apparaître. « Des opérateurs économiques, aussi bien des grossistes que des détaillants, font état de difficultés dans leurs transactions habituelles », explique-t-il. Certains producteurs éprouveraient même des réticences, voire une gêne, à approvisionner leurs clients, faute d'être préparés à cette nouvelle directive. À l'approche du mois de Ramadhan, période marquée par une forte demande, l'APOCE redoute un impact plus sensible sur l'approvisionnement du marché. « Cette décision, prise à deux mois de Ramadhan, pourrait accentuer les perturbations », avertit M. Zebdi, précisant que l'Association se positionne comme une cellule de veille afin d'alerter rapidement les pouvoirs publics en cas de problèmes. S'il rappelle que l'APOCE a toujours plaidé pour une activité commerciale légale et transparente, il juge néanmoins la décision « brutale », estimant que la mentalité et le niveau de préparation de certains opérateurs pourraient amplifier les dysfonctionnements. De son côté, l'expert en Finances Souhil Medah souligne que cette mesure a été « fortement recommandée par plusieurs acteurs de la sphère financière » et qu'elle s'inscrit dans une logique nécessaire d'inclusion financière. Néanmoins, il exprime des réserves sur son mode d'application. «Nous aurions souhaité une mise en œuvre graduelle, par paliers, avec un délai d'adaptation, ne serait-ce que de six mois», indique-t-il. Selon lui, l'application immédiate risque de freiner certains dépôts et de favoriser l'émergence de canaux parallèles échappant au circuit bancaire formel. « Nous sommes tous d'accord pour que les opérations passent par le système bancaire, mais il aurait été plus judicieux de commencer par la base, les grandes surfaces, les distributeurs, avant d'élargir progressivement à d'autres catégories de commerçants », explique-t-il. L'expert met également en garde contre les difficultés liées au dépôt et recyclage des anciens billets, dans un contexte où d'importantes masses de liquidités circulent. Par ailleurs, il estime que l'application généralisée et immédiate de cette directive pourrait également gêner certaines activités, notamment celles des importateurs par manque d'une période d'adaptation. Plaidant pour une phase de transition. |
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