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Education: Vers la suppression de matières secondaires au BEM et au Bac

par M. Aziza

Longtemps attendue, la réforme des examens nationaux du BEM et du baccalauréat semble désormais envisageable. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre de l'Éducation nationale, Mohamed Seghir Saâdaoui, lors de l'installation du Parlement de l'enfant, à l'Assemblée populaire nationale, ainsi qu'à l'occasion de ses réponses aux questions des sénateurs jeudi dernier. Le ministre a indiqué que les élèves pourraient être dispensés de certaines matières, lors des examens officiels, notamment au BEM, et être évalués uniquement sur les disciplines à fort coefficient. Cette orientation s'inscrit dans un plan global de réorganisation de l'Enseignement moyen et secondaire, dont les répercussions toucheront directement les examens nationaux.

S'exprimant devant les membres du Sénat, Mohamed Seghir Saâdaoui a précisé qu'au cycle moyen, les élèves continueront à étudier l'ensemble des matières afin de bénéficier d'une formation complète leur permettant, par la suite, de choisir la filière qui correspond à leurs aptitudes et aspirations. Toutefois, la moyenne d'admission pourrait être calculée à partir de la moyenne annuelle et des résultats obtenus uniquement dans les matières fondamentales lors de l'examen officiel.

Le ministre a expliqué que cette réorganisation vise à étudier la possibilité de dispenser les élèves des matières à faible coefficient lors des examens, tout en maintenant celles jugées essentielles. L'enjeu est de renforcer la compétitivité, garantir l'égalité des chances et améliorer la qualité globale de l'enseignement, en l'adaptant davantage aux capacités des élèves et à leurs orientations futures.

Dans le même contexte, et lors de l'installation du Parlement de l'enfant, le ministre de l'Éducation a dévoilé les grandes lignes d'une réforme plus large et imminente du système éducatif algérien. Celle-ci prévoit une refonte pédagogique axée sur la spécialisation, ainsi que l'introduction renforcée de l'Informatique et de l'Intelligence artificielle dans les programmes scolaires. Cependant, ces annonces ont rapidement suscité de nombreuses interrogations. Beaucoup se demandent si ces réformes seront effectives dès l'année scolaire en cours ou si leur application est plutôt prévue pour l'année 2026-2027, d'autant plus que le premier trimestre est déjà achevé. D'autres débats portent sur la nature des matières concernées par une éventuelle suppression. Sur les réseaux sociaux, les spéculations vont bon train, certains évoquent l'Education islamique et Histoire/Géographie, considérées par beaucoup comme une ligne rouge, tandis que d'autres parlent de la Philosophie, notamment pour les filières scientifiques. Une hypothèse vivement critiquée par ceux qui rappellent que la Philosophie est la mère des sciences, car elle développe la logique, l'esprit critique, la synthèse et la méthodologie.

Par ailleurs, des voix s'élèvent pour réclamer une révision en profondeur des programmes du primaire, jugés inadaptés à l'âge des élèves.

Réactions contrastées

Contactée par nos soins, Mme Fafa Bacha, présidente de la cellule de l'Association nationale des sciences et du développement durable, affirme que les récentes déclarations du ministre ont provoqué des réactions contrastées parmi les parents. Si une partie d'entre eux accueille favorablement cette orientation, y voyant un allègement de la charge scolaire, une réduction du stress et une meilleure concentration sur les matières essentielles, d'autres expriment de vives inquiétudes. Ils redoutent une baisse du niveau de culture générale, une perte de points pouvant influencer les résultats finaux, ainsi qu'un manque de visibilité sur l'impact réel de la réforme sur l'orientation et l'avenir scolaire des élèves.

Globalement, les parents appellent à plus d'éclaircissements, à une communication claire sur les modalités d'application et à une concertation élargie avec l'ensemble des acteurs du secteur éducatif avant toute mise en œuvre définitive.

Mme Bacha souligne que, selon les membres de son association, bâtir une école performante nécessite une action globale, cohérente et durable. La performance de l'école ne se mesure pas uniquement à travers les résultats aux examens, mais aussi par la qualité des apprentissages, l'épanouissement des élèves et leur préparation à la vie. Elle rappelle également que l'association milite depuis des années pour la création d'un Haut Conseil de l'éducation, regroupant les compétences éducatives, de l'enseignement et des partenaires sociaux, chargé d'élaborer des réformes et des stratégies en tant qu'organe consultatif permanent du ministère.

Le Satef plaide pour une refonte globale du système éducatif

Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (SATEF), a déclaré au Quotidien d'Oran qu'un consensus existait déjà depuis 2016 sur la nécessité de réorganiser les examens de fin d'année. Un dossier détaillé, contenant des propositions concrètes, avait même été déposé en 2017. Il rappelle notamment qu'« il est inacceptable de faire subir quatre examens en une seule journée aux élèves du BEM ».

Le syndicaliste a également déploré l'absence de publication des travaux de la Commission nationale de révision des programmes, estimant que toute réforme doit être globale. Le SATEF plaide pour une refonte complète du système éducatif, incluant la révision du volume horaire des matières essentielles, en particulier les disciplines scientifiques, et insiste sur l'implication des acteurs de terrain dans toute réforme, en coordination avec les instances chargées de la qualité de l'enseignement.