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Sommet des pays exportateurs de gaz: Les atouts de l'Algérie

par M. Aziza

Abdelmadjid Attar, ancien ministre de l'Energie, ex-PDG de Sonatrach, actuellement consultant en stratégie et organisation, a estimé hier que l'Algérie pourrait jouer un rôle important lors de la tenue du 7ème Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), prévu du 29 février au 2 mars à Alger.

Pour l'invité du Forum d'El Moudjahid, la situation géographique de l'Algérie et son raccordement fiable au marché euro-méditerranéen lui permettent de jouer pleinement son rôle. Notamment, quand on sait qu'au- delà de la lutte contre le réchauffement climatique, c'est la sécurité et l'indépendance énergétique qui est devenue une préoccupation centrale en ce moment. Ce qui entraînera, selon ses propos, un impact majeur dans les stratégies de développement et les alliances futures. Et d'affirmer que l'Algérie est pratiquement leader dans l'industrie gazière en Afrique, un continent, dit-il, où tout reste à faire dans ce domaine.

Les autres atouts de l'Algérie reposent, selon M. Attar, sur ses réserves. Elles sont en deuxième position après le Nigeria. Mais, surtout, souligne-t-il, par le fait qu'elle dispose de 24.000 Mds m3 de gaz de schiste techniquement récupérables, dont le développement n'est qu'une question de temps et d'investissements à consentir en partenariat. Et de rappeler son rôle historique au sein de l'OPEP en matière de rapprochement des positions et de construction de consensus au sein de l'OPEP. Une expérience réussie qui devrait lui permettre cette fois aussi de faire aboutir des décisions qui pourraient être historiques au sein du GECF.

M. Attar a énuméré les défis qui doivent être relevés lors de ce 7ème Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz, selon sa conception des choses. On s'attend à un renforcement de la cohésion entre les Etats membres de la GECF, dira-t-il. En précisant que cette cohésion doit être construite d'abord sur la souveraineté du pays. Mais surtout garantir leur souveraineté sur les ressources, y compris à travers des investissements en partenariat entre ses membres, notamment en matière de valorisation locale des productions.

Il a plaidé pour une forte concentration sur les mécanismes de fixation du prix du gaz (formules, indexation), et notamment les modèles de contrats, en se disant en faveur des contrats de long terme vu les volumes des investissements consentis par les pays producteurs et qui seront opérables à partir de 2026.

Le conférencier a recommandé en outre une attention particulière et des efforts communs en matière de décarbonation des productions pour éviter le «piège des taxes carbone». Et accorder une attention particulière au développement de l'hydrogène vert qui semble être appelé parfois à remplacer le gaz. «Pourquoi pas une révision des mécanismes de fonctionnement du GECF ?», lance-t-il.

Enfin, Abdelmadjid Attar s'est étalé, lors de sa présentation, sur le contexte énergétique mondial qui a connu ces dernières années des événements successifs avec des impacts cumulatifs, de la pandémie de 2020 et son impact économique et repli sur soi des pays, à la crise énergétique née en 2021. Jusqu'à, rappelle-t-il, l'aggravation de la crise énergétique dans l'Union européenne, avec le conflit russo-ukrainien, en arrivant à la guerre israélo-palestinienne «un génocide dont les impacts sont à venir», prévient-il.

Selon les analyses et les pronostics de M. Attar, le prix du gaz de l'année 2023-2024 est pratiquement revenu au niveau connu au début de 2021. «Et qui ne semble pas être en mesure d'augmenter à moins d'une extension du conflit au Moyen-Orient, ou d'une reprise du marché asiatique du GNL qui n'a jamais été aussi bas par rapport au marché européen», souligne-t-il.