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En plus des bombardements: La famine tue aussi à Ghaza

par Mohamed Mehdi

Dimanche, le ministère de la Santé à Ghaza a annoncé que le nombre de victimes de l'agression israélienne s'est élevé à 28.176 martyrs et 67.784 blessés, depuis le 7 octobre dernier. Ajoutant qu'au cours de la journée de samedi, les bombardements et les tirs de snipers de l'armée sioniste ont fait au moins 112 martyrs et 173 blessés. Au 128e jour depuis le début du carnage israélien contre les civils, Ghaza commence à enregistrer des victimes

de la famine imposée par l'occupation sioniste.

Hier, l'armée d'occupation a bombardé plusieurs régions de Ghaza du nord au sud, y compris Rafah où s'entasse plus de la moitié de la population de l'enclave assiégée, le siège et les bombardements de plusieurs hôpitaux se poursuit également, dans l'indifférence totale de la «communauté internationale».

Dimanche les corps de 5 martyrs, victimes de bombardements de l'armée d'occupation dans les zones situées à l'ouest de Khan Younes, ont été transférés à l'hôpital Nasser, a rapporté un correspondant d'Al Jazeera.

Le journaliste a également ajouté qu'un autre Palestinien a été victime des balles d'un tireur d'élite israélien dans la cour de l'hôpital Nasser à Khan Younes.

Les tirs de snipers contre les civils, les femmes et enfants surtout, semblent être une «stratégie opérationnelle» enseignée à l'école de guerre sioniste. Une vidéo obtenue par Al Jazeera montre une mère et son enfant gisant dans une rue du quartier de Sheikh Radwan, dans la ville de Ghaza, après avoir été la cible d'un tireur d'élite israélien. Selon le journaliste Ismail al-Ghoul d'Al Jazeera, l'enfant a survécu tandis que la mère a été tuée. «Il est difficile d'assister à de telles scènes, mais elles se sont produites à maintes reprises», a déclaré al-Ghoul décrivant la situation à Ghaza.

Citant des médias israéliens, Al Jazeera a rapporté qu'un ministre du gouvernement de Netanyahu a demandé au chef d'état-major de l'armée sioniste de tirer sur les femmes et les enfants. «La Treizième chaîne israélienne a révélé que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avait demandé au chef d'état-major israélien Herzi Halevy de tirer sur les femmes et les enfants «qui s'approchent de la frontière» entre Ghaza et Israël», affirme la chaine qatarie.

Le récent cas de Hind Rajab, la petite fille de 6 ans tuée, avec des membres de sa famille, par des balles de soldats sionistes, est une autre preuve à mettre au compte des «hauts faits d'armes» de l'armée israélienne financée à coups de milliards de dollars par les Etats-Unis.

A ce propos, l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme (Euro-Med Human Rights Monitor) a déclaré que les «preuves disponibles que nous avons recueillies indiquent que l'armée d'occupation israélienne est responsable du bombardement de l'ambulance qui tentait de sauver l'enfant Hind Rajab». Ajoutant que «des fragments d'un obus de fabrication américaine ont été retrouvés dans l'ambulance bombardée» et que le bombardement a eu lieu malgré «l'autorisation israélienne d'atteindre la zone et de secourir Hind».

Pour Euro-Med Human Rights Monitor, «ce qui s'est produit est clairement un crime de guerre».

Trois patients tués faute d'oxygène

Le Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a annoncé dimanche le décès de 3 patients de l'hôpital Al Amal à Khan Younes par manque d'oxygène. Dans un communiqué publié hier, le PRCS a affirmé encore qu'il y a une semaine l'occupation israélienne a empêché l'entrée de bouteilles d'oxygène vers cet établissement hospitalier.

«En réalité, ils ont empêché l'oxygène d'atteindre l'hôpital pendant plus d'une semaine, entraînant la mort de trois patients, malgré les efforts continus de coordination avec les organisations internationales», a déclaré le PRCS sur la plateforme X. «Il y a deux jours, après de fortes pressions, nous avons obtenu l'autorisation d'apporter de l'oxygène à l'hôpital. L'ambulance du Croissant-Rouge palestinien a transporté 25 bouteilles d'oxygène depuis l'hôpital Nasser», affirme encore le communiqué.

Le PRCS a ajouté que «les forces d'occupation ont détruit des dispositifs et des équipements médicaux lors de l'assaut mené contre l'hôpital Al Amal, et ont agressé, battu, maltraité et insulté le personnel, avant d'arrêter 9 membres du personnel médical et administratif, dont quatre blessés et cinq compagnons de patients», affirme l'agence Palestinienne Wafa.

«L'occupation continue d'empêcher l'entrée du carburant nécessaire au fonctionnement des générateurs électriques», ajoute la même source précisant que le stock de carburant devrait s'épuiser «d'ici deux jours», «ce qui menace l'hôpital de fonctionner alors que son siège se poursuit depuis le 21ème jour consécutif, y compris les patients, les blessés et le personnel médical et administratif».

On meurt de faim au nord de Ghaza

Depuis les premiers jours de l'agression contre Ghaza, et particulièrement depuis l'incursion terrestre au nord de l'enclave, l'armée d'occupation israélienne a tenu à empêcher toute aide humanitaire, qu'il s'agisse de médicaments, de nourriture et de carburants, ne soit acheminée vers ces régions où les soldats de l'entité sioniste ont eu à rencontrer une très forte résistance leur faisant perdre des dizaines de hauts gradés et de soldats.

Le recours à l'arme de la faim semble avoir été décidé dès le début de la guerre. Puisque même pendant la trêve d'une dizaine de jours, en novembre-décembre 2023, l'armée sioniste a continué à empêcher l'arrivée des camions d'aide au nord de Ghaza, et ce malgré un accord explicite qui mentionnait leur acheminement vers toute l'enclave.

Dimanche, le correspondant d'Al Jazeera au nord de Ghaza a rapporté qu'un certain nombre de personnes sont mortes de faim, en raison du manque chronique de nourriture, expliquant que les forces d'occupation continuent d'empêcher l'entrée de l'aide et ajoutant que certaines familles ne sont plus en mesure d'obtenir un repas quotidien.

De son côté, le directeur général du bureau des médias du gouvernement à Ghaza, Ismail Al-Thawabta, a déclaré à Al Jazeera, que la situation humanitaire dans le nord de l'enclave de Ghaza «a dépassé le stade de la catastrophe».

«Certaines familles ne reçoivent qu'un demi-repas en 48 heures. Les citoyens du nord ne peuvent même pas trouver de céréales destinées à l'alimentation du bétail», affirme Al-Thawabta. «Nous tenons l'occupation pour responsable du blocus de Ghaza et de l'empêchement de l'arrivée de l'aide», a-t-il ajouté, appelant à des «pressions sur l'occupation pour briser le siège».

Hamas : l'invasion de Rafah «mettra fin» aux négociations

Alors que des informations sur une «incursion terrestre imminente» de la ville de Rafah, déjà soumise depuis décembre à des bombardements de l'armée israélienne, se font de plus en plus persistantes, les mises en garde d'organisations internationales, dont celles de l'ONU, ainsi que de plusieurs pays, se multiplient.

La plus importante à ce jour est la réaction du Mouvement de la résistance islamique Hamas qui a menacé de cesser toutes discussions sur une éventuelle libération des détenus israéliens à Ghaza.

Cité par la chaîne de télévision Al-Aqsa, le Mouvement a affirmé dimanche que «toute attaque contre Rafah signifierait le torpillage des négociations». Selon Al-Aqsa, qui cite un dirigeant du mouvement, «toute attaque terrestre de l'armée israélienne contre la ville frontalière de Rafah, dans l'enclave de Ghaza, signifierait de «torpiller les négociations d'échange»».

De son côté, la directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell, a déclaré sur le même sujet que les civils de Rafah doivent être protégés car ils n'ont nulle part où aller. «Rafah est l'un des endroits les plus densément peuplés de la planète. Il regorge d'enfants et de familles, dont certains ont déjà été déplacés à de nombreuses reprises par la guerre à Ghaza», a-t-elle déclaré dans un message publié sur la plateforme X.

«Quelque 1,3 million de civils sont acculés au pied du mur, vivant dans la rue ou dans des abris. Ils doivent être protégés. Ils n'ont aucun endroit sûr où aller», a ajouté Mme Russell.

La porte-parole de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés (UNRWA), Tamara Al-Rifai, a averti elle aussi sur le «danger (qui) se profile à l'horizon» à la lumière informations faisant état d'une incursion terrestre des forces d'occupation israéliennes dans Rafah, où s'entassent 1,3 million de personnes déplacées.

Al-Rifai a expliqué «qu'il n'y a plus d'autres endroits où se déplacer plus vers le sud de Ghaza», soulignant que le lancement d'une telle opération sur Rafah «signifierait tuer davantage de personnes». D'autre part, la porte-parole de l'UNRWA a confirmé que son agence n'a encore reçu «aucune preuve» des accusations portées par Israël selon lesquelles un certain nombre d'employés de l'agence auraient été impliqués dans l'attaque lancée par la résistance palestinienne le 7 octobre 2023.