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Palais des Congrès de Haï Es Sabbah: Vers une relance du projet

par H. S.

A l'état de carcasse en béton depuis 30 ans avant d'être à moitié revêtu en verre-aluminium en guise d'apparence flatteuse mais trompeuse, puis à nouveau abandonné à son sort, il y a 5 ans, le vieux palais des Congrès de Haï Es Sabah connaîtra, sous peu, sa énième relance. Et c'est la bonne, cette fois-ci, à en juger du sérieux de la démarche.

Déjà un élément positif en soi : la vocation d'architecte-urbaniste de celui qui tient les rênes de la wilaya d'Oran. Quand on voit sa ville avec les yeux d'architecte-urbaniste, on mesure certainement, à sa juste dimension, la monstruosité qu'incarne et que représente cet ouvrage. Tant dans son petit rayon géométrique qu'à l'échelle de la cité toute entière. Quand on y ajoute l'esprit de gestion responsable, les résultats ne peuvent qu'être positifs. Comme il fallait s'y attendre, le chef de l'Exécutif local, Abdelkader Djellaoui, n'a pas tardé à mettre le doigt sur la plaie. Du moins l'une des plaies les plus ouvertes de la ville, le vieux et non moins insolite chantier du palais des Congrès, implanté à l'orée de la cité-dortoir de Haï Es Sabbah. Qui, on s'en souvient, par un claquement de doigts et à l'aveuglette fut reconverti en centre culturel par le président déchu Abdellaziz Bouteflika, au détour d'une visite à El-Bahia.

Plutôt mince, très mince même, comparé aux gros équipements publics ayant fait les frais des lubies et des sautes d'humeur de sa « fakhamatouhou ». Pesant donc le coût de l'inachevé en termes de gâchis financier et d'impact préjudiciable sur le pourtour urbain et tenant compte de l'impérieuse nécessité en infrastructures de ce genre dont a besoin Oran, le wali a pris en mains le projet afin de le mener à bout.

Levée de toutes les contraintes pour une bonne relance

Ainsi, à la faveur d'un examen préliminaire du dossier dans son bureau, suivi d'une sortie d'inspection sur site en présence de tous les intervenants dans ce projet, le premier responsable de la wilaya a pris des mesures pour la relance des travaux en fixant l'échéance avant les JM-2021 pour la réception de l'ouvrage, équipement compris. Pour ce faire, des réunions devront avoir lieu pour lever toutes les contraintes administratives et techniques, à l'origine de l'arrêt des travaux des 8 entreprises ayant été installées en 2014 pour la reprise du chantier, interrompu en 2007 pour des raisons de financement. Après le Châteauneuf, le palais des Congrès est l'équipement public inachevé le plus vieux de la cité. Du moins à l'échelle des projets d'envergure qui crèvent les yeux de par leur consistance physique et leur gâchis financier. Toutes proportions gardées, si l'ex-hôtel Châteauneuf, érigé près de la forteresse espagnole ?Roza Alcazar' et du palais ottoman ?Qasr El-Bey' est la bêtise architecturale des années 80 dans la carte postale d'Oran, l'ex-palais des Congrès implanté à l'orée de la cité-dortoir de Haï Es-Sabah est son équivalent des années 90. Plusieurs points communs existent entre les deux. Dans le fond et dans la forme. A commencer par le préfixe ex'. Hôtel sur papier et en carton maquette, Châteauneuf ne servira jamais en tant que tel - quand il sera achevé et mis en service, on voudrait bien le croire cette foi-ci- puisqu'on lui a trouvé, 35 ans plus tard, une tout autre vocation. Qui ne lui va pas du tout d'ailleurs, structurellement et architecturalement parlant, siège de la mairie en l'occurrence. Le palais des Congrès censé, comme son nom le suggère, abriter des rendez-vous politiques, économiques et scientifiques et autres divers évènements prestigieux de dimension internationale, celui-ci a été lui aussi déchu de son statut chemin faisant, au détour d'une visite du président de la République, qui a invalidé l'intitulé du projet inscrit, à l'état d'ossature en béton alors, et considéré comme nulle et non avenue l'étude d'opportunité.

Centre de congrès ou de culture ?

L'essentiel c'est de le finir

Peu importait la nouvelle fonction qu'on devait prêter à cet équipement public, l'essentiel c'était de mener à bout la finition de la structure, de rentabiliser l'investissement, quitte à le verser dans la rubrique passe-partout ?Art, culture et loisirs'. L'équipement a changé donc de vocation d'intitulé et de main aussi passant, du maître d'ouvrage DLEP à la DAL. Un crédit de 1,5 milliard de DA a été alors accordé à la wilaya pour parachever le projet de centre d'activités culturelles et de loisirs et reprendre ainsi le chantier, qui se trouvait à l'arrêt depuis 2003, pratiquement depuis l'achèvement du gros œuvre par l'entreprise Cosider.

Par la suite, un cahier des charges a été élaboré pour l'achèvement des corps d'état secondaires et un avis d'appel d'offres a été lancé en 2005. Un seul soumissionnaire a été présélectionné, l'entreprise turque Atlas, sans pour autant que le marché soit conclu en raison du manque de la couverture financière nécessaire. En 2006, il a été procédé à une deuxième consultation, mais sans suite puisqu'après un accord de principe, il n'y a pas eu passation de marché puisque l'entreprise chinoise CSCEC a demandé un montant « exagéré», selon la wilaya. Sur fond de situation au bord du pourrissement, marquée par des contentieux complexes et multilatéraux mettant aux prises l'ancien bureau d'études, les 14 anciennes entreprises qui intervenaient dans les 14 lots du chantier ainsi que la wilaya, au point où l'on est arrivé au fait que le bureau de suivi ait refusé carrément de remettre le cahier de chantier et autres documents pour les besoins de la vérification de la conformité des travaux, le chantier n'a pas pu être relancé. Entretemps, l'horrible et écœurante masse de béton tombait en décrépitude au fil du temps, devenant un lieu de tous les vices, les turpitudes et les formes de délinquance et de criminalité, un charnier où les sapeurs-pompiers et les égoutiers de la commune sont appelés fréquemment à repêcher un corps jeté dans les caves inondées, d'où se dégagent des odeurs nauséeuses qui infectent un grand pan de ce secteur abritant notamment le pôle médical en plein essor. Ce n'est que plus de 12 ans plus tard que ce projet, qui incarne par ailleurs l'interférence des sphères de décision, des différentes instances administratives et exécutives et la gestion centralisée et par télécommande d'un simple projet censé être géré 100% localement, a été redémarré par la DAL après le dégagement d'enveloppes financières du budget de wilaya (36 milliards de centimes en supplément) et la levée des contraintes techniques et administratives. Cependant, à peine a-t-il vu l'installation des entreprises que l'interminable chantier est à nouveau retombé dans ses travers pour entrer dans un énième long cycle de léthargie.