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Rivière en mouvement

par Abdelkrim Zerzouri

«Il n'y a pas de prolongement de l'ancien système». Un message lancé par le président Tebboune au lendemain de son élection en direction du «Hirak» en particulier, qui revendique encore et toujours un changement du système, considérant que l'élection présidentielle n'a fait que perpétuer l'ordre établi, et à l'endroit des citoyens en général, dont la confiance rompue avec les dirigeants n'est pas facile à reconquérir. Un nouveau président de la République élu, un nouveau gouvernement, une reconfiguration en haut de la pyramide, mais cela ne semble pas convaincre une partie des Algériens d'une rupture réelle avec l'ancien système, d'un changement dans les pratiques et la composante des dirigeants. La libération de détenus du « Hirak », qui était revendiquée bien avant l'élection présidentielle, n'a pas jusqu'à présent trop plaidé en faveur d'un apaisement qu'on liait, pourtant, étroitement à cette mesure. Ce n'est pas un cadeau, ce n'est qu'une réparation d'une injustice, a-t-on commenté la mesure de détente.

La dynamique sociopolitique du mouvement de protestation ne doit pas connaître de limite pour aller toujours de l'avant dans l'Algérie nouvelle, mais faut-il pour autant apprendre à valoriser, à positiver ce qui mérite de l'être. Des ministres qui étaient en poste du temps du régime de Bouteflika, gardés parmi le nouveau staff du gouvernement, et les critiques se focalisent dessus. Des responsables compétents et intègres, ils en existaient bien du temps de Bouteflika. Le changement n'est, certes, pas radical, comme le souhaiterait les « hirakistes », mais ses signes avant-coureurs sont bien là, selon des observateurs. Lors de la réunion du Conseil des ministres, tenue sous sa présidence, le chef de l'Etat a donné des orientations quant à l'importance de «la moralisation de la vie politique à travers la consécration de la séparation de l'argent et de la politique outre la lutte contre la médiocrité dans la gestion», insistant sur l'instauration de l'Etat de droit qui garantit l'indépendance de la justice et la promotion de la véritable démocratie participative, favorisant l'épanouissement social et politique.

Sans manquer d'instruire les membres du gouvernement d'être à l'écoute «des préoccupations et besoins des citoyens en adoptant le dialogue et la concertation, et de veiller scrupuleusement à demeurer au service de l'Etat et du peuple». Précisant également qu'il s'agit de «redresser la situation générale du pays à travers le rétablissement de l'autorité de l'Etat et le recouvrement de la confiance des citoyens».

Un discours qui ne fait pas encore mouche si l'on observe le doute qui empreint les esprits. La tâche n'est franchement pas facile pour le nouveau gouvernement d'emprunter ou de faire sienne la feuille de route tracée par le président de la République. D'autant que l'engrenage n'est pas bien huilé. Car, la feuille de route en question doit s'exécuter avec la collaboration des assemblées élues, locales et nationale, ainsi que les walis, ces commis de l'Etat qui gèrent de petits ministères au niveau local, et qui sont toujours en poste depuis de nombreuses années. Le bras du changement ne manquerait certainement pas de passer par là. Ainsi que les assemblées élues, qui seront dissoutes sitôt la nouvelle loi électorale qui figure sur la liste des priorités, avec la nouvelle Constitution, en vigueur.