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Demande d'informations sur les utilisateurs du Web: Google dit non à Alger

par Moncef Wafi

L'Algérie, et pour la première fois de son histoire, a envoyé ses premières demandes d'informations sur les utilisateurs de Google, indique le géant américain du Web, dans son rapport sur la transparence des informations qu'il publie, depuis 2011.

L'Algérie, mais aussi la Biélorussie, les Iles Caymans, le Salvador, les Fidji et l'Arabie Saoudite qui ont fait des requêtes, restées sans suite, si l'on croit Google qui affirme ainsi n'avoir fourni aucune information pour ces pays. Même si aucun détail n'a été communiqué par la firme sur le nombre ou la nature de ces demandes, l'Algérie fait, désormais, partie des gouvernements qui ont sollicité Google pour obtenir des informations personnelles sur les utilisateurs de ce qui est considéré, aujourd'hui, comme le premier moteur de recherches. Dans le document rendu public, Google a estimé que ces demandes gouvernementales, comptabilisées lors des six premiers mois de cette année, ont augmenté de 10% par rapport au premier semestre 2015, enregistrant même un nouveau record en la matière.

La société explique en fait qu'il s'agit de la quatrième hausse consécutive atteignant 44.943 demandes liées à 76.713 comptes d'utilisateurs. 64% des requêtes ont été satisfaites, suivant un processus juridique dans les pays où l'entreprise exerce ses activités, tout en cherchant à maintenir la confidentialité de ses utilisateurs, précise Google qui avait, déjà, été critiqué par le passé après des informations parues sur sa prétendue collusion avec les services secrets américains.

En effet, la National Security Agency semblait avoir accès à toutes les statistiques et informations regroupées par Google.

Pour rassurer ses utilisateurs, Google avait expliqué qu'elle étudiait soigneusement, toute demande de communiquer des données en s'assurant «qu'elle respecte la loi, ainsi que le règlement de Google», indiquant que les utilisateurs ciblés sont informés sur ces demandes judiciaires «sauf si la loi ou l'ordonnance d'un tribunal nous l'interdisent». Au hit-parade des demandeurs d'informations, on retrouve sans surprise les Etats-Unis avec 14.169 requêtes, satisfaites dans 79% des cas, suivis de l'Allemagne (8.788), la France (4.300), l'Inde (3.452) et le Royaume-Uni (3.302). En Algérie, et en octobre 2015, était installé officiellement l'Organe de surveillance de l'Internet. Son annonce avait suscité une polémique auprès des internautes algériens qui l'avaient dénoncé et perçu comme une violation de la vie privée.

Le procureur général et conseiller au ministère de la Justice, Abdelkrim Djadi, avait tenu à les rassurer. «Non et non, ce dispositif est destiné à pister les infractions utilisant les TIC, à l'exemple des actes terroristes, des atteintes à la sûreté de l'Etat et du crime transnational organisé», avait-il déclaré. Il abondait dans le sens des explications du ministre de l'Intérieur qui avait, lui aussi réagi à la polémique, confirmant que cet Organe n'avait pas pour but d'empiéter sur la vie privée des Algériens mais bien de les protéger contre la cybercriminalité.

Abdelkrim Djadi affirmait, de son côté, que toutes les mesures avaient été prévues pour que la vie privée des personnes soit préservée et garantie «sauf lorsqu'il y a infraction». Comme garde-fou à toute tentative de dérapage, le magistrat indique que toute mise sous surveillance d'informations sur le Web devra être soumise «à une autorisation d'un juge d'instruction ou d'un magistrat» et que toute information récoltée «ne peut être utilisée que pour les infractions liées au terrorisme, aux atteintes liées à la sûreté de l'État et aux crimes transnationaux».