La ministre
tunisienne des Finances, Lamia Zribi, annoncé ce
vendredi que la taxe qui était payée par les Algériens se rendant en Tunisie a
été supprimée. La déclaration de la représentante du gouvernement intervient à
deux jours de la visite (aujoud'hui) en Algérie du
Premier ministre tunisien, Youssef Chahed. Cette
décision devra clore les tensions nées après l'imposition de la taxe d'entrée
aux Algériens désireux de se rendre en Tunisie. Elle devra également, et selon
toute vraisemblance, provoquer l'annulation de la mesure de réciprocité
algérienne rendue publique en septembre dernier. Rappelons que l'Algérie a
décidé de taxer les Tunisiens non résidant, appelés à s'acquitter d'une
redevance d'entrée sur le territoire national au niveau des postes-frontières.
C'est le ministre des Affaires étrangères, lui-même, qui a annoncé la décision
dans sa réponse écrite, à une question posée par le député du parti El Adala, Lakhdar Benkhelaf. Le
sujet avait fait couler beaucoup d'encre principalement cet été où les Algériens,
se sentant lésés par cette taxe de 30 dinars tunisiens, sont allés jusqu'à
bloquer les principaux postes frontaliers entre les deux pays. L'Algérie a
ainsi décidé, comme attendu dans pareilles circonstances, d'appliquer la
réciprocité en réponse à ladite taxe instaurée par la Tunisie pour les
touristes, y compris les Algériens. Dans sa réponse, Ramtane
Lamamra rappelle le caractère «non discriminatoire»
de cette taxe instaurée en application par Tunis dans le cadre de la loi de
finances complémentaire de 2014. « Cette taxe est imposée aux touristes qui
voyagent en Tunisie par voie terrestre ou maritime ; elle n'est pas donc
discriminatoire», explique le ministre qui précisait alors que la porte du
dialogue reste ouverte avec Tunis pour annuler cette taxe. Ce qui apparemment a
été le cas. En août dernier, et à l'apogée de cette crise naissante, la taxe
d'entrée a pris des proportions insoupçonnées frôlant même le début d'une
brouille diplomatique entre les deux pays. Le chargé d'affaires de l'ambassade
de Tunisie avait été convoqué aux Annassers, même si
le terme n'a pas été utilisé par le communiqué officiel, où il a rencontré le
secrétaire général des Affaires étrangères. Officiellement, et très
diplomatiquement, les deux parties ont passé en revue les conditions de
déplacement et de résidence des ressortissants algériens et tunisiens et les
moyens de les améliorer. Tout un programme qui comprend également les
conditions d'accueil des touristes algériens avec cette volonté de lever les
obstacles entravant le mouvement de déplacement de personnes entre l'Algérie et
la Tunisie. Le message est à peine codé et c'est des conditions de déplacement
des Algériens dont il a été question lors de cette rencontre.
Le
choix même des représentants officiels, un chargé d'affaires au lieu de
l'ambassadeur lui-même et le SG du ministère à la place du ministre en
personne, suggère qu'Alger cherchait à contenir le malentendu qui était en
train de déborder sur la voie publique en Algérie et risquait de créer des troubles
à l'ordre public. Une vingtaine de personnes essentiellement de Bir El Ater avaient observé un
sit-in devant le consulat tunisien à Tébessa pour protester contre cette taxe.
Les Algériens, furieux, mais surtout déçus par l'attitude des autorités tunisiennes
perçue comme un véritable racket, demandaient d'annuler cette mesure ou
d'imposer la réciprocité pour les Tunisiens.