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Guerre de positions

par Moncef Wafi

Si cacophonie il y a au sommet de l'Etat ce n'est pas de la faute de Bouteflika, c'est en substance le message de Ouyahia, monté au créneau, pour expliquer les tiraillements de ces dernières semaines entre ministres d'un même gouvernement et plus grave entre représentants du gouvernement partageant la même couleur partisane. Le SG du RND, se voulant pédagogue comme à l'habitude de ses sorties médiatiques, a rejeté tous les dysfonctionnements du gouvernement sur le seul tort de ses représentants, rappelant derechef que c'est Bouteflika qui gère les affaires du pays.

Un rappel en guise de fin de non-recevoir adressé à l'opposition qui avait fait de la maladie du président et de son incapacité à diriger le pays un leitmotiv politique. Sa justification des déclarations contradictoires qui ne sont pas «propres à l'Algérie» ne tient pourtant pas la route d'autant que les divergences et les accusations, à peine voilées, font florès. L'explication du patron du RND est réductrice à plus d'un titre occultant volontiers les vrais problèmes soulevés par les ministres du Tourisme et du Commerce que sont la corruption et les parapluies politiques, renvoyant leurs déclarations aux simples sautes d'humeur ou appelant Belaïb à livrer ses preuves à la justice.

Justement Ouyahia fait bien de revenir sur le cas du ministre RND du Commerce et l'opinion publique est en droit de savoir où en est le dossier. Si le ministre de la Justice a affirmé que la justice suit son cours, selon la sacro-sainte formule consacrée, les Algériens veulent que cette affaire de conteneurs de pièces détachées hors d'usage soit traitée et que les premiers responsables soient traduits en justice en parlant de l'importateur et de son supposé «protecteur ». Ouyahia, en pompier de service, est intervenu juste derrière l'ouragan Saadani et ses graves accusations restées malheureusement sans suite. Le feu et la glace. Mais ce qui est valable pour le SG du FLN l'est autant pour son alter ego au RND et les Algériens d'assister à ce jeu de dupes où chacun est renvoyé dans son coin sans jamais rendre des comptes.

Les deux prétendants au trône, selon les lectures en vogue actuellement, continuent leur guerre à distance, déclarée ou tue, frappant des coups par procuration, et les forces en équilibre de pencher vers l'un ou l'autre selon les intérêts personnels du moment. Dans cette guerre de positions, tout bouge sauf l'Algérie qui, dans le meilleur des cas, fait du surplace. Les puissants lobbies de la rente ont désormais pris les rênes politiques du pays dans un silence assourdissant et de l'opposition et du président de la République. Mais cela n'est un secret pour personne !