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Ouyahia à propos de la situation économique et financière: «Eviter de dire que tout va bien»

par Ghania Oukazi

Ahmed Ouyahia a recadré, hier, les données économiques et financières du pays en notant que «l'importation des véhicules de moins de trois ans ne figure pas dans le projet de loi de finances 2017».

«Celui qui a répondu à cette question sur l'importation de ces véhicules, c'est Bouchouareb et a dit que le ministre du Commerce a été mal compris, en tout cas, le projet de loi de finances ne compte pas cette décision, si le RND est un parti présent sur la scène politique (?), il n'est pas la tutelle de ses ministres», a-t-il tenu à préciser. Son plaidoyer contre cette importation, «s'il s'agit de développer l'industrie automobile en Algérie, c'est l'année la plus heureuse en matière de projets dans ce domaine (?), je crois qu'on doit laisser le montage se faire, maintenant si l'option de l'importation est pour aider le citoyen, il ne fallait pas la donner aux concessionnaires, on n'enlève pas une rente pour la donner à d'autres».

Il évoquera le projet de loi de finances 2017 pour noter que «le déficit budgétaire est de 8% alors que la référence mondiale est de 3%, ce qui signifie qu'on aura un peu plus de difficultés et un peu plus d'inflation même s'il est vrai que c'est un jeu d'écriture (?); ceux qui critiquent le gouvernement n'ont qu'à apporter des solutions alternatives». Il souligne que «pour couvrir un déficit de 1.400 milliards de dinars, on doit emprunter 10 milliards de dollars, ce qui veut dire qu'on étrangle le pays». Il nuance ses propos au sujet de l'endettement extérieur pour affirmer que «si aujourd'hui, Sonatrach emprunte pour réaliser ses projets, personne ne lui dira non, même chose pour tout autre projet économique censé ramener de quoi payer la dette contractée». Il fait savoir qu'«on a appris dans nos études que le recours à la planche à billets est un meurtre pour l'économie et l'endettement risque de nous livrer pieds et mains liés aux pays qui nous auraient prêté». Il rappelle que «le gouvernement a essayé de rétrécir les dépenses -c'est un choix que nous soutenons-, les réduire dans une certaine mesure et faire contribuer un peu plus la société». Avec la décision d'augmenter la TVA de 2%, le Trésor engrangera, dit-il, 100 milliards de DA et «le gouvernement a dit au citoyen si tu déposes un sous, il deviendra 100 sous (emprunt obligataire)».

Il compare l'actuelle situation du pays à celle de 1986 mais, affirme-t-il, «à l'époque, la situation était beaucoup plus compliquée, c'était une catastrophe». Premier élément différent, explique-t-il, «merci au président Bouteflika d'avoir payé la dette extérieure du pays, s'il avait écouté les experts qui étaient pour la création d'un fonds souverain, on serait allé à la faillite, la politique de développement menée par le président depuis 15 ou 17 ans est rassurante, elle pourra nous aider à dépasser des moments difficiles et à ne pas tailler le citoyen jusqu'à l'os». Il rassure en soulignant qu'«il y a quand même 1,2 million de logements ruraux en cours de réalisation, aujourd'hui, on a bien plus de places pédagogiques dans les cités universitaires». Il reconnaîtra, cependant, que «la crise est une bénédiction si on réhabilite l'emploi, on a besoin d'éloigner la sinistrose et le pessimisme ambiants».

Ouyahia considère que «la réunion de l'OPEP à Alger est une réussite, chaque dollar de plus est le bienvenu pour l'Algérie mais on n'a pas trouvé la potion magique pour régler nos difficultés». Il estime alors qu'«il faut un baril à 80 dollars pour que le budget soit équilibré, ce sera peut-être dans 8 ou 10 ans». Il déclare, en outre, que «nous demandons à ce que la politique des subventions soit révisée pour qu'elle aille vers ceux qui en ont besoin».

A propos de la loi sur la retraite, il avoue que «la consultation n'a pas été suffisante mais le parti a recommandé de relever l'âge de la retraite». Il fait remarquer que «50% des ressources de la CNR servent à payer ceux qui sont partis avant 60 ans, la caisse était en situation de quasi-faillite, si on continue sur cette voie, dans 10 ans, les retraités qui auront 70 ans ne pourront plus percevoir leur pension, j'espère que mon pays évitera la démagogie pour ne pas qu'il subisse ce qu'il a subi dans les années 90 au plan économique et financier, il faut essayer d'éviter de dire que tout va bien». Pour lui, «les travailleurs qui veulent partir avant 60 ans ont autre chose à faire mais 80% sont en bonne santé et resteront travailler».