C'est presque
le même scénario qui revient chaque année hanter les marchés et les services de
commerce en général : la petite monnaie, très demandée, se fait très rare.
Partout la même rengaine se fait entendre, " vous n'avez pas 10 ou 20
dinars pour me permettre d'arrondir la monnaie ". Le guichetier du tramway
ne rate aucun client pour lui demander 10 dinars, ainsi que le receveur du bus,
dans les taxis, ou chez l'épicier et le pharmacien. La petite monnaie se fait
désirer partout où l'on passe. " C'est vraiment embarrassant de demander
cela aux clients mais c'est une contrainte inévitable ", avouent les
commerçants qui dénoncent cette pénurie de petites pièces de monnaie face à
laquelle " les autorités affichent leur impuissance ou leur indifférence
". Ce qui est courant aujourd'hui, c'est le recours aux petits
arrangements entre clients et commerçants, en arrondissant les prix en
proportion avec le poids des denrées achetées notamment. Si on achète un kilo
de tomate à 90 dinars, le marchand vous pèsera l'équivalent de 100 dinars,
" à cause du manque de la petite monnaie ", ne manquera-t-il pas de
s'excuser. Bien sûr, la petite monnaie devient " si chère " qu'on
échangerait, volontiers, un billet de 1000 contre 1100 dinars en pièces auprès
des mendiants et autres petits vendeurs. La Banque d'Algérie, principale source
de la petite monnaie, met en circulation de grosses sommes en pièces de 10, 20,
50, 100 et 200 dinars, mais cela ne suffit pas à réglementer le marché. Surtout
en pareille période de frénésie populaire, propice à la consommation
outrancière. Certains mettent cette crise de petite monnaie sur le compte des
marchands de légumes et fruits qui " stockent " la petite pièce de
monnaie pour s'en sortir dans leur activité. C'est que les étals sont envahis
par la clientèle durant tout le mois de ramadan et la moindre pesée exige la
disponibilité de la petite monnaie.