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Verdun, cent ans après : plus jamais çà !

par Farouk Zahi

« C'est comme ça que ça marche! Lorsqu'un peuple est assis sur quelque chose que l'on convoite, on en fait un ennemi! Et ça justifie le pillage ». (James Cameron)

Merkel, la chancelière allemande et Hollande, le président français, viennent de commémorer à leur manière, le centenaire de la bataille de Verdun appelée aussi « mère des batailles », qui s'est déroulée entre le 21 février et le 19 décembre 1916 lors de la Première Guerre mondiale. Cette hécatombe qui coûta aux deux belligérants, pas moins de 700.000 victimes entres morts, disparus et blessés est probablement la confrontation guerrière la plus sanglante et la plus inutile de l'histoire. Si pour la Wehrmacht, les pertes étaient exclusivement teutonnes, il n'en était pas de même pour l'armée française constituée d'autochtones et de contingents des colonies. Le général allemand Erich Von Falkenhayn considérait cette bataille comme un acte d'attrition pour épuiser les ressources matérielles et humaines de l'armée française et le général Pétain, un acte de résistance à l'armée allemande.

La promotion professionnelle de ces deux officiers supérieurs couta trop cher à leurs troupes respectives ; une moyenne de 70.000 victimes par mois de part et d'autre. Voici ce qu'en dit, l'une des nombreuses littératures sur l'un des plus sanglants affrontements armés du XXè siècle.

«C'est une des plus longues et des plus dévastatrices batailles de la Première Guerre mondiale, ce qui a donné lieu au mythe de Verdun, la «mère des batailles » qui apparaît comme le lieu d'une des batailles les plus inhumaines auxquelles l'humain se soit livré : l'artillerie y cause 80% des pertes. Le discours mémoriel typique dresse le portrait de soldats dont le rôle consiste surtout à survivre ? et mourir ? dans les pires conditions sur un terrain transformé en enfer, tout cela pour un résultat militaire nul, ce qui en fait le symbole de futilité de toute guerre industrielle. » (Internet). Le mot est lâché : « ?le symbole de futilité de toute guerre industrielle ». En extrapolant, celles d'Irak fut une guerre pétrolière, celle qui est menée présentement en Syrie serait une guerre gazière et dont l'objectif principal n'est autre que la sécurisation du futur approvisionnement en gaz de cette vieille Europe dont la boulimie en matière de produits énergétiques est en constante augmentation. Une grande partie du gazoduc Arabgas, traverse le territoire syrien du sud au nord pour aller rejoindre le Liban, au passage, il alimente Israël. Ceci explique en partie l'acharnement des pays du Golfe en général et du Qatar en particulier pour réduire les capacités de nuisance de Bachar Al Assad en somalisant son pays.

Ce Luxembourg moyen oriental et dont le sous sol renferme des réserves inépuisables de gaz naturel se projette déjà dans la demande énergétique de l'Europe. Israël n'est pas en reste, puisque ces nouvelles découvertes au large de Haiffa (projet Léviathan en droite ligne avec la mythologie biblique) prédisent l'auto suffisance pour l'Etat hébreu en 2017 et l'exportation de 53%, excédents de production, vers l'Europe. Les réactions imprévisibles de l'ours russe, principal fournisseur actuel, font craindre sa dépendance totale sur le plan économique et de là, politique s'il en est. La guerre du gaz de la Méditerranée orientale a commencé en même temps que celle qui prétendait libérer le citoyen syrien de la férule dictatoriale d'Al Assad. Foutaises, toutes ces envolées humanistes faussement éprises de liberté ! A l'instar d'Israël, la Syrie recèle probablement plus de réserves off shore dans le bassin du Levant constituant ainsi le chaudron du gaz mondial selon le qualificatif d'une revue spécialisée.

La cérémonie de commémoration qui se voulait être celle de la contrition, du pardon et de la paix retrouvée est organisée sur l'esplanade de l'ossuaire de Douaumont qui abrite les restes de 130.000 soldats inconnus, Français et Allemands, a été beaucoup plus une parade festive donnant l'illusion de l'ouverture d'une olympiade. Ceci est d'autant plus vrai que les 3400 adolescents et adolescentes mobilisés à l'occasion, s'en sont donnés à cœur joie en exécutant un jogging le long des travées de la nécropole de plus de 16.000 sépultures. D'ailleurs, la droite et l'extrême droite de Marie et Marion Le Pen en ont fait un sacrilège, une injure à la mémoire des « Poilus » de la Grande Guerre. Le monument de Douaumont, est l'un des symboles de l'amitié franco-allemande scellée par la poignée de main de François Mitterrand et Helmut Kohl du 22 septembre 1984. Le slogan de ces retrouvailles mémorielles franco-allemandes, était : Plus jamais çà !

Malheureusement, c'est çà et rien que çà en Irak, en Syrie et au Yémen et dans tous les lieux où l'intérêt du Vieux continent, des USA et leurs affidés est mis en jeu.

Ces jeunes qui simulaient leur bellicisme par des empoignades, ont vite cessé de leur faire devant l'intrusion d'un personnage mi-épouvantail, mi-saltimbanque monté sur des échasses qui met tout le monde à terre, il représentait l'hideuse Faucheuse. L'ingénuité aidant, ces jeunes avaient certainement le sentiment qu'ils viennent de construire une belle œuvre, l'entente entre les peuples par la tolérance et la concorde. Peuvent-ils imaginer un seul instant que leurs congénères de Racca, Homs, Mossoul ou Sanaa n'ont même pas d'électricité pour pouvoir conserver décemment leur mort, eux qui s'ébrouent au rythme d'une musique techno amplifiée par la gigantesque sono ? Ou encore de l'eau pour se désaltérer ou mouiller leur masque de fortune quand les bombardements soulèvent des tonnes de poussière alors que cette denrée vitale coule à flot pour irriguer l'immense pelouse de la nécropole ? Ces jeunes nourris par le mensonge élevé au rang de parole d'Evangile par les médias formés à l'école de Goebbels et consort, ne croient même pas aux images de dévastation des villes et la fuite des populations ; il y aura toujours un illuminé « bhélien » pour parler de montage et autre photoshop. Evoquer la détresse alimentaire et la mort violente par inanition de milliers d'individus fera, certainement, sourire ou au plus rendre septique. Ils pourraient même, suggérer comme leur ascendante royale Marie Antoinette qui faute de donner du pain à la plèbe lui suggérait de manger de la brioche.

Cette honteuse mascarade, n'honore pas ceux qui en ont pris l'initiative ; car c'est justement eux, chantre de la paix,(Pax américana) qui continuent à souffler sur les braises de la discorde qu'elle soit politique, ethnique ou religieuse. Elle est remarquablement observable cette soudaine résurgence des guéguerres médiévales entre Sunnites et Chiites. Déchirée pendant des siècles par des guerres et des invasions, l'Europe a appris la leçon à l'intérieur du monde chrétien en décidant de la paix durable, mais ne s'embarrasse d'aucun scrupule quand il s'agit de conflits hors de ses frontières. Elle tend même à les alimenter directement ou indirectement, sous la pression de ces marchands d'armes ou de médicaments.