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Sellal, le bac et les complots

par Moncef Wafi

Une deuxième session exceptionnelle et partielle du Bac 2016 sera organisée. La décision a été prise par le Premier ministre et les détails seront connus, aujourd'hui, dans la bouche de la ministre de l'Education. Les filières touchées, on insiste sur celle des sciences et vie, et quelques matières dans d'autres branches sont concernées par ce remake de juin. La date : on avance le 14 juin ou juillet ou août. Est-ce l'épilogue d'un scandale national ? Oh que non, puisque en parallèle de l'enquête des services de sécurité qui commencent déjà à apporter un début de réponse à ces fuites orchestrées, le problème est plus sensible.

Sellal préfère parler de «complot» intérieur ourdi contre Benghebrit rejoignant la thèse de l'acharnement des milieux islamo-conservateurs contre la personne de la ministre « qui jouit du soutien du gouvernement tout entier ». Sellal, et alors que les résultats de l'enquête ne sont pas encore connus et que le droit de réserve s'impose dans une affaire en instruction, s'avance sur un sentier bien périlleux. Mettre en cause des parties sans les citer équivaut à une sentence par anticipation et à un dédouanement des responsabilités évoquées par les formations politiques d'opposition. Le RCD pointant des responsabilités au sommet de l'Etat et les partis islamistes demandant la tête de Benghebrit.

Mais en comparant la triche au bac à une «atteinte à la sécurité de l'Etat», le Premier ministre commet une erreur de jugement qui peut être fatale puisque la cuvée 2016 n'est pas la seule à être entachée de fraude. On se rappelle le scandale des faux diplômés instruit par la justice à Oran concernant les lauréats fictifs de l'examen qui ont par la suite investi et la justice et la médecine pour ne citer que ces deux filières. Le parallèle est malheureux face à des dossiers autrement plus sensibles qui eux doivent être estampillés «atteinte à la sécurité de l'Etat».

Quoi qu'il en soit, et en décidant de refaire partiellement le bac, le gouvernement se réserve une marge de manœuvre, divisant le peuple des candidats et se mettant, du coup, à l'abri d'une manifestation de masse. En attendant les conclusions judiciaires de cette fraude à grande échelle, le bac version 2016, placé sous le signe pompeux d'une haute surveillance, aura été à l'image d'un gouvernement tatillon compilant scandales et mauvaises décisions sur fond d'une crise économique qui s'annonce virale.