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La grève des mécaniciens a bouclé sa première semaine: Les vérités du DG de la SNTF

par Abdelkrim Zerzouri

La grève des conducteurs de train a bouclé, hier, sa première semaine, et la situation demeure caractérisée par une dense nébulosité de très mauvais augure. On s'enfonce, carrément, dans une situation chaotique où la SNTF est prise en otage par des tractionnaires grévistes, et où plus personne ne sait vraiment, quelle direction prendrait ce conflit qui perdure, ni comment et par qui sera-t-il réglé ? La Coordination nationale des tractionnaires, qui est à l'origine de cet appel à la grève, et qui ne semble reconnaître aucune tutelle syndicale, surtout pas la Fédération nationale des cheminots, se rend-elle compte qu'elle a été, trop loin, dans la contestation, assez loin pour rebrousser chemin, maintenant, ou renier ces engagements auprès des travailleurs, soit le fait d'aller jusqu'au bout pour obtenir satisfaction, concernant les 5 points portés sur la plate-forme de revendications ?

«Tout le monde est au pied du mur, et il faut bien qu'il y ait une solution pour permettre au service public de reprendre ses droits », estiment des cheminots, ainsi que des mécaniciens non grévistes, dont le nombre demeure inconnu dans ce climat altéré par une vive tension qui ne permet guère de faire la part des choses. A travers les régions ferroviaires Centre et Ouest, le service minimum est assuré par des cadres et des travailleurs non grévistes mais, à Constantine, toute tentative de mettre en circulation des trains est vouée à l'échec, car « des grévistes s'installent, immédiatement, sur la voie ferrée et bloquent le passage », selon des témoignages de travailleurs. Malgré un bilan très lourd en matière de pertes sèches, entraînées par cette grève, évaluées à hauteur de 80 % du chiffre d'affaires quotidien, la Direction générale ne faiblit pas. « La grève des mécaniciens est illégale, et il ne devrait pas y avoir de grève, du tout, car les portes du dialogue sont ouvertes, et c'est dans le cadre d'une concertation sérieuse et sereine qu'on devrait résoudre toutes les questions d'ordre socioprofessionnel », a considéré le DG de la SNTF, Yacine Bendjaballah. Contacté, hier, le DG de la SNTF avait le verbe amer pour parler de cette grève menée par les mécaniciens. D'emblée, il qualifiera cette grève de « machination abominable », et il tiendra, aussi, à démentir cette « démission collective » avancée par les représentants de la Coordination nationale des tractionnaires. « Je n'ai rien reçu, à mon niveau, ce n'est qu'une manière de faire plus de pression sur l'administration », a affirmé M. Yacine Bendjaballah, à propos de cette « démission collective », vraisemblablement demeurée au stade des intentions. En tout cas, soutient encore notre interlocuteur, si l'on me fait part de démissions, je ne manquerai pas de les étudier et de répondre, officiellement, à toute demande dans ce sens ». Puis, allant dans le fond de la protesta et les causes réelles de ce malaise socioprofessionnel, le DG de la SNTF a soutenu que la revendication portant sur le repositionnement des mécaniciens est « impossible » à satisfaire. « Tout simplement parce que, dans le cas d'une approbation de cette demande, cela provoquerait immanquablement un effet boule de neige qui pousserait 35 autres filières à venir déposer sur mon bureau, le lendemain même, des demandes similaires ou c'est la menace de grève. Et, pour être juste et honnête, je considèrerai cela, tout à fait légitime, car s'il faut réviser le tableau des classements, il faut y aller d'une manière globale, et cela se fera, lors des prochaines négociations autour de la convention collective entre la direction générale et la Fédération nationale des cheminots, incluant le repositionnement des mécaniciens, et les autres points concernant la majoration des vendredi et des jours fériés à 100 %, l'application de la prime de nuit pour la circulation entre 21h et 5h, la majoration de la prime kilométrique et la prime de surveillance de lignes », a estimé le DG de la SNTF, non sans rappeler que ce sont des experts qui devraient se pencher sur ce dossier et que cela ne peut, hélas, se régler par une simple si1gnature.

«Le partenaire social ne doit pas ignorer ces points de vue, il ne doit, surtout pas, verser dans l'égoïsme et la recherche d'intérêt étroit, au détriment du développement de la société », relève, encore le DG de la SNTF. Ce dernier précisera que réellement la direction générale n'a aucun problème avec le partenaire social, représenté par son principal interlocuteur, en l'occurrence la Fédération nationale des cheminots (FNC), et il se trouve que les conducteurs grévistes n'ont même pas avisé la Fédération des travailleurs du secteur, qui les représente et qui est habilitée à transmettre leurs revendications et leurs préoccupations. « Un interlocuteur (ndlr, la FNC) légal, dont les 21 membres ont prouvé leur bonne foi, leur sérieux et leur esprit de responsabilité dans le traitement des conflits socioprofessionnels », souligne dans ce contexte le DG de la SNTF. Ce dernier plaidera pour l'apaisement du climat, appelant les grévistes à revenir à de meilleurs sentiments, à reprendre le travail, et suivre la voie du dialogue et de la concertation, pour améliorer la situation socioprofessionnelle des 12.500 travailleurs, tout en privilégiant la stabilité et l'essor de la société.