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LA LOI ET LA REGLE

par M. Abdou Benabbou

La justice algérienne est souvent prise en étau entre l'application de la loi et la gestion de la règle. Ses instruments sont toujours soumis à de très fortes interférences humaines où les appels de la conscience se confinent dans un combat difficile avec la préservation du tranquille déroulement de la carrière. Professionnelle s'entend.

Toutes les lois algériennes reposent sur la sublimité des bonnes intentions, mais elles sont toujours appelées à faire mauvais ménage avec des règles courantes qui pervertissent le plus beau des esprits.

Il en est ainsi du dilemme que soumet à la société algérienne le dossier du journal El Khabar et les successifs reports des audiences ne seraient sans doute que la manifestation d'une nécessité de convoquer un procès plus large et plus dense dont l'accusation magistrale serait à mettre sur le dos d'une multitude d'acteurs souvent officiels et sur ceux d'autres parfois diffus. Tenter de savoir qui des plaignants ou des incriminés a raison dans cette affaire en la badigeonnant d'un coup de pinceau commercial serait réduire une question fondamentale à sa plus superficielle expression.

N'est-ce pas là étalés avec force tous les ingrédients pour un grand procès qui serait celui d'un secteur névralgique et arme fatale dont on a occulté l'importance vitale et qui est sans conteste la plus belle assise de la véridique indépendance du pays ? Même ses relents politiques maladroitement vociférés sont réducteurs car la liberté d'expression n'est pas seulement un artifice ou un prétexte et elle n'a de sens que si elle est une arme avérée et infaillible au service exclusif du progrès d'un peuple.

Il est vrai cependant que chacun voit midi à sa porte et chacun a sa propre compréhension du progrès, la justice étant là pour contrer les outrances et pour étêter les fausses vérités préétablies.

Mais, cependant, l'information et par extension la communication auraient pu être un bénéfique catalyseur pour le bienfait de tous les Algériens si un Président n'avait pas commis la méchanceté gratuite d'assimiler la famille des reporters à des décrotteurs des crasses humaines dans un hammam. S'il n'avait pas initié le stérile et désastreux divorce entre la loi et la règle.