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Belgique : panique au plat pays

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Un climat sécuritaire pesant, des grèves sociales à répétition, une baisse de l'activité économique, Bruxelles et la Belgique pataugent dans une gestion cafouilleuse et incertaine, particulièrement, depuis les attentats terroristes du 22 mars dernier.

Inquiétant qu'un pays européen comme le Belgique fondateur et siège de l'Union européenne, siège de l'Otan et carrefour de l'Europe soit si ébranlé, dérouté, désemparé après les attentats terroristes qu'il a vécus le 22 mars dernier. Près de deux mois après les douloureux événements qui on coûté la vie à 32 personnes, les gouvernants du pays se déchirent sur la responsabilité des uns et des autres de ne pas avoir prévenu le risque terroriste, pendant que le monde du travail est rythmé par les grèves à répétition et la capitale, Bruxelles, étranglée par des travaux qui n'en finissent pas et qui mettent à rude épreuve les Belges d'une manière générale.

La suite des attentats ? Une quarantaine d'agents de la Sûreté de l'Etat ( services de renseignements et de contre-espionnage) sur la centaine que compte ce corps ont jeté l'éponge et demandent leur intégration à la police fédérale. Ils évoquent la pression insupportable qui leur fait porter toute la responsabilité dans la non prévention des actes terroristes. Et puis l'aéroport de Bruxelles national, victime du 1er attentat du 2 mars, devenu un calvaire pour les voyageurs: files interminables dans des chapiteaux, à l'extérieur de l'aéroport, rappelant quelques aéroports de pays en guerre. Un air d'anarchie et de bricolage y règne. C'est donc, si difficile d'assurer la sécurité de ce lieu névralgique ? Ailleurs ce n'est pas mieux: seize des trente-deux prisons du pays sont en grève depuis deux semaines, abandonnant les détenus 24H/24 dans leurs cellules, sans visite, sans douche, sans contact, aucun, avec leurs proches. Pour parer à la grève du personnel pénitentiaire, le gouvernement n'a pas trouvé mieux, après avoir fait appel à la police, que de dépêcher l'armée dans les prisons.

N'ayant aucune qualification dans la gestion du quotidien d'une prison, les militaires sont astreints à livrer les repas aux prisonniers et à garder les murailles des prisons. En face, l'opposition fulmine contre le gouvernement et pointe son incapacité et son irresponsabilité dans la gestion d'un simple conflit social. Et pas que, puisque l'autre sujet de discorde qui risque de durer quelques « années » est celui de l'état des tunnels de la capitale fermés à la circulation automobile.

Bruxelles est traversée de plusieurs tunnels faisant partie de la « petite ceinture » en référence aux routes du périphérique (appelé ring) et desquels dépend toute la fluidité du trafic routier. Rongés par l'usure, certains tunnels présentent de réels risques d'accidents. Le gouvernement régional les a fermés, en attendant de trouver les moyens financiers de les rénover. Du coup, une anarchie sans pareil règne sur la capitale. Les agents économiques se plaignent de la baisse significative de leurs chiffres d'affaires, tant le tourisme subit les contrecoups de ce climat angoissant et délétère.

Ce n'est point une vue de l'esprit, pensez-y: répondant à la gestion catastrophique du gouvernement fédéral, les syndicats ont annoncé, depuis l'année dernière, un « calendrier de grèves » successives jusqu'à faire plier le gouvernement sur sa volonté de casser les acquis sociaux du monde du travail: une grève générale cyclique ( la prochaine est prévue fin mai), en plus des autres grèves sectorielles permanentes.

Cela intrigue les quelque 5.000 correspondants de la presse internationale, installés à Bruxelles qui n'arrivent pas à comprendre l'incapacité des gouvernants, tant au plan fédéral que régional, à répondre aux urgences nationales et à apaiser le pays. Pire, la question sécuritaire a pris le pas sur tout, jusqu'a remettre en cause des droits citoyens élémentaires. Ainsi, la police de proximité de certains quartiers populaires tel celui devenu célèbre dans la Commune de Molenbeek, a le droit, en plus de la vérification de résidence de tout nouvel habitant, de pénétrer dans sa demeure dans le secret espoir de trouver des indices liés au terrorisme.

Sidérant, mais c'est ainsi et les Belges trouvent cela normal. Un crise sociale plus une autre, conjuguées au nouveau péril, désormais permanent, du terrorisme, la Belgique, notamment sa capitale Bruxelles, sombre dans la morosité, la peur et l'angoisse de lendemains incertains.