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Hydrocarbures : Le baril du pétrole poursuit sa chute

par Moncef Wafi

Le prix du baril de pétrole confirmait, hier, sa tendance baissière entamée il y a de cela plusieurs mois, dans un marché asiatique attentif et méfiant à cause de l'abondance de l'offre, notamment en provenance de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Un cartel dont plusieurs membres influents auraient fait l'impasse sur la réduction de leur production pour endiguer la baisse des cours et se concerteraient sur la défense de leur part de marché.

Une démarche expliquée par le fait que même si l'Opep réduisait sa production, les prix ne seront pas forcément revus à la hausse en raison de l'important rendement d'autres producteurs, notamment la Russie et les Etats-Unis. Ce dernier produit de plus en plus de brut et, même s'il ne l'exporte pas, cela déséquilibre le marché mondial en forçant leurs anciennes sources d'importation à trouver d'autres débouchés sur un marché déjà bien approvisionné, expliquent les analystes.

Par ailleurs, on prêterait à l'Arabie saoudite, qui pompe environ un tiers du pétrole mondial et qui, en général, fixe la tendance, son intention de s'accommoder avec un baril autour de 90 dollars, voire même 80 dollars. Cette tendance à la baisse est également confortée par la décision de l'Irak de réduire ses prix en direction des clients asiatiques, suivant ainsi l'exemple de Riadh et de Téhéran. Pourtant, et même si le ministre koweïtien du Pétrole estimait ce dimanche que l'hiver pourrait favoriser la remontée des cours du pétrole, l'Opep ne parviendrait pas à inverser la tendance à court terme. Le marché devra certainement regarder du côté de Vienne où l'Organisation tiendra sa prochaine réunion ordinaire le 27 novembre prochain. Lors de leur dernière réunion en juin, ses membres avaient décidé de maintenir leur plafond de production à 30 millions de barils par jour, niveau auquel il est fixé depuis fin 2011. Les spécialistes n'attendent pas grand-chose de cette rencontre et ils s'attendent plutôt à ce que le cartel inonde le marché au lieu de coordonner leurs actions pour réduire la production et soutenir les cours du baril de référence.

Rappelons que l'Opep avait confirmé sa prévision d'une hausse de la demande de l'ordre de 1,05 million de barils par jour (mbj) en 2014 à 91,19 mbj, et de 1,19 mbj en 2015 à 92,38 mbj. De son côté, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a de nouveau abaissé, hier, ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2014 et 2015, du fait de la faiblesse de la croissance économique mondiale, qui associée à une offre repartie à la hausse pèse sur les prix du pétrole. L'AIE avait déjà révisé à la baisse ses prévisions en août et septembre.

Tous ces éléments réunis renforcent la tendance à la baisse qui domine le marché ajouté à cela le ralentissement de la demande dans la zone euro, la crainte d'une récession en Allemagne, un dollar plus fort et des doutes sur la croissance de la demande en Chine. L'Algérie n'a pas été épargnée elle aussi par la chute des prix puisque la moyenne du prix du pétrole algérien «Sahara Blend» a connu une baisse de 3,76 dollars en septembre dernier, comme indiqué dans le rapport mensuel de l'Opep, passant en un mois de 100,86 dollars en août à 97,10 dollars en septembre. Saïd Sahnoune, le P-dg par intérim du groupe Sonatrach, déclarait ce lundi, sur la Radio nationale, que l'Algérie devrait réaliser des recettes de l'ordre de 60 milliards de dollars en 2014 contre 63,3 mds de dollars l'année dernière, et 70,5 mds de dollars en 2012, pour peu que les cours du pétrole se stabilisent. Le patron de Sonatrach prévoit également une croissance de la production dès 2014 et qui devrait se poursuivre sur les prochaines années à la faveur notamment du retour à la production des sites de Tiguentourine et In Salah.