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La boutique Res'Art en ligne : l'artisanat algérien à portée de clic

par Nejma Rondeleux

Depuis 2003, le réseau d'artisanes d'art, Res'Art, soutient le développement de l'artisanat féminin en Algérie à travers l'accompagnement et la formation. Les œuvres de nombreuses artisanes dépassent désormais les frontières nationales grâce à la création d'une boutique en ligne. En attendant le paiement électronique dz.

Utiliser la modernité au service de la tradition. Tel est la démarche de Res'Art qui, en dix ans, a réussi à tisser un réseau de femmes artisanes à travers toute l'Algérie pour commercialiser leurs produits de manière équitable. Grâce à la détermination de sa fondatrice, Maya Amezzagh, le réseau initié par l'Association nationale algérienne des femmes en communication (FEC), possède, depuis cet été, une boutique en ligne sur le site d'e-commerce amylittlemarket.com qui propose quelques-uns des articles vendus dans la charmante boutique, bien réelle, elle, du centre-commercial de la rue Victor Hugo à Alger centre. Tout est fait à la main et garanti commerce équitable. «La totalité de la vente revient à l'artisane et les frais de livraison sont gratuits», indique Maya Amezzagh assise devant son ordinateur portable installé dans un coin du magasin où les robes de mariages finement brodées côtoient des babouches aux mille couleurs. Pour l'instant, seuls une dizaine de «petits produits» sont disponibles sur la page Res'Art de amylittlemarket.com. «Notre offre est limitée car, en l'absence de paiement électronique en Algérie, Res'Art a installé une succursale en France où elle stocke les produits proposés à la vente virtuelle», explique la responsable. Mais pour Maya Amezzagh et sa complice Madeleine Vernet qui gère la boutique en ligne en France, le passage au e-commerce, même imparfait, est une nécessité. «Internet a ouvert de nouvelles opportunités de développement à l'artisanat», déclare l'énergique fondatrice les yeux rivés sur son écran coincé entre un mannequin vêtu d'un châle kabyle et une rangée de poteries. «A force, à force, on va former et se former», assure-t-elle. C'est ainsi que l'infatigable militante associative a entrepris depuis deux ans l'organisation de formations en informatique pour les artisanes du réseau réparties sur 14 wilayas du pays, d'Alger à Tamanrasset.

L'apprentissage de la vente en ligne

Pour apprendre aux membres de Res'Art à commercialiser leurs produits sur Internet, l'association a organisé en mars 2013 une initiation à l'informatique à une quinzaine d'artisanes. «Nous sommes allées dans un cyber pour leur montrer comment utiliser un ordinateur», raconte Maya Amezzagh. «Certaines d'entre-elles n'avait jamais touché un clavier même si elles ont un ordinateur chez elles». Après avoir crée leur adresse email, elles ont été initiées à Facebook qui, bien utilisé, offre déjà la possibilité de faire du e-commerce. Depuis, plusieurs participantes ont ouvert une page Facebook où elles publient régulièrement leurs créations. Et la page Facebook de Res'Art administrée par Maya Amezzagh enregistre près de 685 fans. «A la fin de la formation, nous leur avons offert un flash disk en leur montrant comment l'utiliser, notamment pour réaliser un catalogue de photos et imprimer des documents», poursuit la responsable férue de nouvelles technologies. Désormais, certaines artisanes ont pris l'habitude de se déplacer munies de leur flash disk qu'elles brandissent fièrement quand elles viennent à la boutique à Alger pour montrer à Maya les images de leurs ouvrages. «Depuis 2008, nous avons formé individuellement et sans discontinuer 40 femmes, sans compter toutes les autres qui ont participé à des formations plus ponctuelles. Nous avons touché ainsi 400 artisanes et une cinquantaine d'associations au total», précise la fondatrice de Res'Art toujours soucieuse de s'adapter aux tendances du moment pour valoriser au mieux le talent de ses protégées. La prochaine formation portera d'ailleurs sur la prise de photographies des produits finis, élément essentiel dans la vente en ligne. Quatre appareils photos vont être achetés par le réseau pour les artisanes. «On ne s'improvise pas photographe», s'exclame Maya Amezzagh. Alors, comme toujours, depuis dix ans, elle va apprendre avant d'apprendre aux autres.