Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Il y a du mou dans la promotion en faveur du IVème mandat

par Kharroubi Habib

Y aurait-il mésentente au sein du camp des pro-Bouteflika sur la question d'un quatrième mandat pour leur «hero» ? Apparemment c'est ce qu'a donné à comprendre l'étonnante déclaration faite au nom de la coordination nationale des soutiens au président par Abdelghani Touami qui en fut l'une des figures de prou lors des campagnes électorales en faveur du candidat Bouteflika en 1999, 2004 et 2009. Ce qu'il a dit est qu'il est le porte-parole d'un courant dans le camp des pro-Bouteflika qui tout en étant toujours fidèle et reconnaissant à ce dernier n'adhère pas à l'option du quatrième mandat car convaincu que le chef de l'Etat n'en veut pas parce que désireux de « partir par la grande porte ». Ce qui lui sera impossible en restant au pouvoir au-delà de 2014.

L'on comprend que s'étant exprimé ainsi, Abdelghani Touhami a suscité l'étonnement dans le landernau politico-médiatique et a instillé une dose de doute au sein du camp auquel il appartient. Il se trouve que Touhami a opéré sa sortie anti-quatrième mandat à un moment où le questionnement s'est fait jour sur l'éclipse inexpliquée de la scène politique et du champ médiatique de Amar Saadani, secrétaire général du FLN qui roule à fond la caisse pour ce quatrième mandat présidentiel. Le retrait de l'un et la montée au créneau de l'autre peut donner à supposer que la thèse ayant présenté Bouteflika comme partant certain pour un quatrième mandat n'est pas aussi probable que le fait croire l'activisme débordant de ceux qui la défendent. Touhami s'est-il exprimé au nom d'un courant réellement existant au sein du camp des pro-Bouteflika ou a-t-il formulé un point de vue personnel ?

 Il semble bien que la perspective d'un quatrième mandat n'emballe pas autant que ça parmi la nébuleuse des pro-Bouteflika. Non pas parce que le soutien et la fidélité qui sont voués à celui-ci au sein de cette nébuleuse ont tiédi ou disparu, mais pour la raison que s'y est imposée la conviction que l'état de santé de Bouteflika ne lui permet plus l'exercice du pouvoir sans préjudice dangereux pour la stabilité de la nation. Peut-être alors que Touhami s'est fait le porte-parole de l'hésitation présidentielle dont il aurait eu à connaître et a-t-il ainsi voulu faire savoir à Bouteflika que parmi ses soutiens il en est qui plaident pour son « départ par la grande porte », couronnement d'un parcours dont ils ne renient pas les apports positifs au pays et au peuple algérien.

Bien entendu, les propos de Touhami ont été attaqués et flétris par les partisans à tout crin du quatrième mandat dont l'un des chefs de file l'a accusé de les avoir formulés parce qu'étant aigri de ne plus faire partie du staff dirigeant des comités de soutien à Bouteflika. Il n'empêche que depuis la « sortie » de Touhami, il y a comme du flottement parmi les inconditionnels de Bouteflika. D'autant que leur « hero » fait durer le suspense sur ses intentions et que son silence prolongé contribue à accréditer l'opinion qu'il hésiterait effectivement toujours à trancher sur ce qu'il veut. Un flou et un flottement qui ne sont pas pour déplaire aux partisans de l'ex-chef du gouvernement Ali Benflis qui se déploient résolument sur le terrain et multiplient l'installation de comités de soutien à sa candidature avec l'espoir que plus la situation est fluctuante dans le camp des pro-Bouteflika, plus la promotion de la candidature Benflis fera recette dans l'opinion.