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Le 29 septembre 1974, Bouteflika sonne le glas de l'apartheid

par Djamel Ould Abbès *

Alors que le monde entier est plongé dans le recueillement à la mémoire de Nelson Mandela «Madiba», ce gérant de l'histoire qui a symbolisé, durant toute sa vie, la lutte déterminée et sans concession, contre le racisme, l'injustice, le colonialisme, les inégalités et pour la dignité, la liberté, la tolérance et le respect de l'être humain, il me paraît utile de rappeler la contribution de l'Algérie à l'élimination de l'apartheid, véritable monstruosité d'un autre âge.

En effet, l'Algérie avait le privilège de présider l'Assemblée générale des Nations unies pour la période 1974-1975. Et c'est notre ministre des Affaires étrangères, M. Abdelaziz Bouteflika, qui en fut élu par acclamation, Président.

La date du 29 septembre 1974 est à inscrire en lettres d'or dans la diplomatie algérienne, car c'est ce jour que tout bascula pour l'Afrique du Sud et ce, grâce à la perspicacité du Président de l'Assemblée. Effectivement, comme de coutume, la « Commission de vérification des pouvoirs » présenta son rapport qui fut rejeté par l'Assemblée générale à une écrasante majorité. 98 voix pour, 23 contre et 14 abstentions (source A/PV 2248). Et là, coup de théâtre : alors que les présidents des précédentes sessions prenaient simplement acte de ce vote et considéraient que le vote n'affectait pas les droits et privilèges de l'Afrique du Sud qui continuait, allègrement à participer aux travaux et aux délibérations de l'Assemblée.

Mais, le Président de l'Assemblée de l'ONU, M. Abdelaziz Bouteflika, ne l'entendait pas de cette oreille et il donna une interprétation juridique et légale du vote. Il a, tout simplement et justement, déclaré que l'Assemblée avait refusé au régime sud-africain d'apartheid de participer aux travaux. Ceci provoqua un débat et les alliés du régime d'apartheid contestèrent l'interprétation du Président Bouteflika. Qu'à cela ne tienne et sans se départir de son calme et sa courtoisie. M. Bouteflika soumit son interprétation personnelle au vote de l'Assemblée qui recueillit 91voix pour et 22 contre. Ce fut la première grande victoire de la lutte contre l'apartheid qui allait conforter l'ANC de Mandela et tous les autres mouvements de libération dans le monde.

M. Bouteflika venait ainsi de réussir à exclure le régime de l'apartheid de l'Assemblée générale de l'ONU.

M. Bouteflika ne s'arrêta pas là, puisque le lendemain, 30 septembre 1974, il proposa et fit adopter une deuxième résolution qui demandait au Conseil de Sécurité d'examiner les rapports entre l'ONU et l'Afrique du Sud, pour la violation des principes de la Charte et la Déclaration des droits de l'Homme.

Pour parachever la stratégie de la liquidation de l'apartheid, le Président Abdelaziz Bouteflika fit adopter, par l'Assemblée générale, une résolution qui décida que le Comite spécial de l'apartheid » auprès de l'ONU devait s'appeler désormais « Comité spécial anti-apartheid ».

C'était bien le commencement de la fin de l'apartheid.

* Docteur - Ancien président de la Commission des Affaires étrangères de l'APN et du CNT