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Alger: Calme précaire à la cité «Bois des Pins»

par M. Aziza

La cité «Bois des Pins» à Hydra s'est réveillée sous le choc, après une journée tourmentée, marquée par des affrontements entre forces anti-émeutes et des habitants qui ont voulu protéger leur forêt de la destruction. Qualifiant l'intervention des forces de l'ordre «d'assaut de l'OAS», les habitants de «Bois des Pins» disent ne pas comprendre l'attitude des policiers. «Ils ont violé sans scrupule l'intimité de nos foyers, pourtant, il n'y avait que des femmes, et des enfants à l'intérieur», relate un père de famille frustré. Ce père de famille nous a conduits vers les appartements dont les portes ont été fracassées. A l'intérieur, des femmes choquées qui disent avoir été humiliées. Elles relatent ce qu'elles ont vécu jeudi dernier de 4 heures du matin jusqu'à la fin de l'assaut. «Ils ont enfoncé la porte par force, ils ont violemment bousculé ma grand-mère âgée de 82 ans, à la recherche d'hommes à l'intérieur, tout en laçant des grossièretés et des insultes à notre encontre», relate une jeune fille. Et une autre d'enchaîner «ils ont brisé les fenêtres de l'extérieur, puis ils ont fracassé la porte pour s'introduire par force. Ils n'ont pas trouvé d'hommes à la maison, alors ils ont voulu emmener mon enfant mineur par la force. Mais choqué mon fils a fait une crise d'hystérie. J'ai eu de la chance car un autre policier est intervenu pour demander à ses coéquipiers de sortir de l'appartement». Un autre habitant s'est approché de nous pour nous montrer ce qu'il présente comme les restes de balles en caoutchouc. «J'ai pensé à un moment que j'étais à Ghaza et non pas en Algérie», dit-il stupéfait.

La mère d'Abdelghani Henni, journaliste et porte-parole du comité des sages de la cité, est venue demander des nouvelles de son fils, emmené par la police depuis jeudi, auprès des sages de la cité et auprès de la moudjahid Djamila Bouhired venue soutenir les habitants de «Bois des Pins». L'air malade et fatiguée, la mère d'Abdelghani Henni n'a pas cessé de répéter «est-ce que vous avez eu des informations sur mon fils, est-ce qu'il va être libéré ?». Les habitants du quartier ont affirmé que les services de Netcom ont tout nettoyé ce vendredi matin au niveau du quartier enlevant les pierres, des débris et tous les stigmates des affrontements avec les policiers anti-émeutes.

Un calme précaire régnait jusqu'a hier à la cité «Bois des Pins». Les habitants de cette cité menacent de revenir à la charge si les initiateurs du projet qui consiste à raser la forêt de la cité et réaliser à sa place un parking à étages, ne reviennent pas sur leur décision. Ils ont également souligné que d'autres quartiers limitrophes vont apporter leur soutien et leur solidarité aux habitants de la cité «Bois des Pins» dans les prochaines actions.

Des interrogations rongent l'esprit des habitants de ce vieux quartier appelé «Bois des Pins» en référence à cette petite forêt, nous disent certains d'entre eux. «Pourquoi veulent-ils ériger un parking dans cette petite forêt, alors qu'un parking d'une capacité de 800 places existe à quelques mètres, et il est souvent à moitié vide ?» D'autres s'interrogent «pourquoi ériger un projet sans mettre la moindre indication sur le maître d'ouvrage ou sur le projet lui-même ?» Ils poursuivent «comment donner l'autorisation à un tel projet sans avoir effectué une étude et une enquête commodo et incommodo ?» Ils se demandent où est passé le maire, où sont passées les autorités locales, et tout simplement l'Etat.