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Les voies de la paix

par Abdelkrim Zerzouri

La Chine et le Pape François partagent-ils une même vision sur la guerre en Ukraine et sur ce qui se passe à Ghaza ? Pour le Pape François, l'Ukraine doit avoir le courage de négocier et la Chine appelle également à des négociations. Les deux plaident pour une paix négociée. Le Pape a soutenu que « le mot ‘négociation' est audacieux. Quand vous voyez que vous êtes vaincus, que les choses vont mal, vous devez avoir le courage de négocier. Vous avez honte, mais si vous agissez autrement, combien de morts cela apportera-t-il ?» a-t-il soutenu dans une interview accordée à la chaîne suisse RSI, qui sera diffusée en intégralité, le 20 mars, selon ce qui a été rapporté par Vatican news. Interrogé à propos de certains appels « au courage de la reddition, du drapeau blanc, alors que d'autres disent que cela légitimerait le camp le plus fort, et ce qu'il en pense, le Pape a estimé que le plus fort est celui qui voit la situation, qui pense au peuple, et qui a le courage du drapeau blanc, c'est-à-dire de négocier. Et aujourd'hui, on peut négocier avec l'aide des puissances internationales. Le verbe ‘négocier' est un verbe courageux. Quand on voit qu'on est vaincu, que les choses vont mal, il faut avoir le courage de négocier. Vous avez honte, mais avec combien de morts tout cela finira? Négocier tant qu'il est temps, chercher un pays médiateur. Aujourd'hui, par exemple dans la guerre en Ukraine, beaucoup veulent servir de médiateurs. La Turquie s'est proposée pour cela. Et d'autres encore ». « N'ayez pas honte de négocier avant que la situation n'empire », a-t-il conseillé aux responsables ukrainiens. La Chine de son côté plaide pour le même principe, soutenant la convocation, en temps opportun, d'une conférence de paix internationale reconnue par la Russie et l'Ukraine, selon une déclaration du ministre chinois des Affaires étrangères. Les pourparlers « constituent la base fondamentale », a fait savoir, le 7 mars, Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères. Le diplomate chinois a rappelé que tous les efforts de Pékin en Ukraine visent à ouvrir la voie à des négociations de paix. Notant, dans ce contexte, que la Chine a proposé sa médiation entre les deux parties en avril 2023, mais les Occidentaux ont fait la fine bouche, estimant que la Chine est trop proche de la Russie et qu'elle ne peut dans ce cadre se prévaloir d'une neutralité nécessaire dans ce cas de figure. Et, aujourd'hui, que dira-t-on à propos de l'intervention du Pape, dénuée de tout sentiment politique, laissant entendre que l'Ukraine a perdu la guerre et qu'elle ne doit pas avoir honte de négocier la paix pour sauver des vies humaines ? Dire que l'Ukraine a perdu la guerre c'est parler d'un échec des Américains et des Européens à soutenir les efforts de guerre de leur allié ukrainien. Très improbable à faire admettre aux parties concernées. Le Pape a rappelé que « les guerres que nous avons vécues se terminent toutes par un accord ». Interrogé sur ce qui se passe entre Israël et la Palestine, il a parlé d'une guerre « menée par deux camps, pas par un seul, et les irresponsables sont ces deux camps-là qui se font la guerre ». Alors que la Chine, à propos de ce qui se passe à Ghaza, n'a pas cessé d'appeler au cessez-le-feu et dénonce crûment « une tragédie humaine et une honte pour la civilisation ».