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Le veto désavoué

par Abdelkrim Zerzouri

L'ex-secrétaire général des Nations unies Ban Kimoon et d'autres membres d'un groupe d'anciens dirigeants mondiaux de premier plan fondé par Nelson Mandela, ont convenu qu'il est grand temps pour l'ONU « de retrouver sa force et son unité si elle veut vraiment demeurer un acteur central dans la résolution des multiples crises croissantes dans le monde ». Une idée plus facile à dire qu'à concrétiser ? Tout le monde est conscient des limites du champ d'intervention des Nations unies, notamment dans les conflits armés, mais pour rendre à cette organisation sa force et son unité, la procédure ou la voie à suivre n'est pas écrite. Dans une déclaration, vendredi dernier, à l'agence Associated Press, Ban Ki-moon a convenu, avec d'autres dirigeants mondiaux, que « nous vivons dans un monde où le pluralisme est en crise, et la plus grande responsabilité incombe aux Nations unies ». Mais que peut bien faire l'ONU quand ses propres membres, des pays qui siègent au sein d'un Conseil de sécurité censé défendre la paix et la sécurité internationale, et qui, perdant leur sagesse, se lancent dans des guerres dévastatrices, voire menaçantes pour l'avenir de l'humanité ?

Pour les membres de ce groupe, l'ONU est fondée sur un multilatéralisme qui a été disloqué par le droit de veto, détenu par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine. Incontestablement, et paradoxalement, c'est ce droit de veto qui a fait perdre son unité au Conseil de sécurité.

Dans ce contexte, l'ancien secrétaire des Nations unies dit avoir vivement exhorté, vendredi dernier, les membres du Conseil de sécurité « à réfléchir très sérieusement à la manière de maintenir leur crédibilité et leur prestige ». Un appel clair à la réforme de cette institution internationale, qui n'arrive plus à adopter des résolutions juridiquement contraignantes. Mais comment aller à cette réforme ? Toujours plus facile à dire qu'à entreprendre. Doit-on, dans cette logique, attendre qu'une troisième guerre mondiale vienne souffler cette institution internationale bâtie sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale afin que les pays puissent, justement, travailler ensemble pour prévenir de futures guerres et résoudre d'autres défis mondiaux ?

De graves contradictions mettent, ainsi, l'ONU face à son devenir. Assurer réellement le rôle pour lequel elle a été créée ou disparaître ? Toute guerre se termine inéluctablement autour d'une table de négociation, dit-on, et les membres du Conseil de sécurité devraient y penser aujourd'hui, avant que la situation ne dégénère et ne devienne incontrôlable.

L'ancien armement utilisé dans les guerres du siècle dernier est un jouet par rapport à l'arsenal militaire des temps modernes, principalement entre les mains de ces pays qui détiennent le droit de veto. M. Ban Ki-moon et d'autres dirigeants mondiaux ont tiré la sonnette d'alarme, reste maintenant à savoir qui peut les amener à la raison ? « Nous devons encourager davantage la réflexion sur la façon dont se terminera une guerre », comme celle qui engage la Russie et l'Ukraine, « afin de comprendre que cela doit cesser, au lieu d'augmenter l'arsenal militaire des deux côtés », a déclaré un ancien haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme.