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La peau de l'ours

par Rabah Toubal*

Vladimir Poutine, l'indétrônable (1) président de la Fédération de Russie, l'héritière de l'auto-dissoute URSS, a été profondément marqué par l'implosion, puis l'effondrement de cette dernière, mondialement connue comme la deuxième superpuissance militaire, jusqu'à la fin des années 1980. Il a vécu cette tragédie nationale d'abord en tant que patriote et colonel du redoutable KGB, qui a consacré sa vie à la défense de la stabilité, de la sécurité et de l'unité de son pays.

Ensuite, en qualité d'homme politique et homme d'Etat, tout-puissant, qui a réussi à sortir la Russie vacillante, minée par de nombreuses crises (de nature politique, militaire, diplomatique, agricole, industrielle et sociale) de l'impasse grosse de tous les dangers dans laquelle la Fédération de Russie a été fourvoyée par l'inénarrable Boris Eltsine, son premier président, et les dirigeants successifs de l'ancienne URSS, de Staline à Gorbatchev, qui a asséné le coup de grâce à cette dernière, avec ses suicidaires politiques de la glasnost et de la perestroïka, qui ont abouti au démantèlement de l'Union soviétique (2).

Ainsi, après le «Grand Jeu», magistralement orchestré en Asie, pour le contrôle des gorges de Khyber, entre le Pakistan et l'Afghanistan, contre son rival de l'empire britannique occupant la péninsule indienne, dans sa totalité, la Russie de Vladimir Poutine, le «nouveau tsar» s'attelle aujourd'hui à s'éloigner de l'Occident arrogant, malade, vorace et dangereusement ambitieux, qui rêve encore de dominer le monde, qu'il a livré à de nombreuses guerres, dont deux particulièrement atroces, menées entre 1914 et 1945. Même s'il constitue aujourd'hui une entité démographique, économique, militaire et diplomatique, de plus en plus faible, où la vieille et maudite Europe est toujours plus soumise à son allié américain, qui n'a plus le monopole des armes de destruction massive ni celui de la suprématie spatiale, économique, financière et industrielle, incurablement conquérant et dominateur, dont les dirigeants rêvent et jurent publiquement de vouloir se débarrasser de l'inflexible ours russe, avant de s'attaquer à l'ambitieux panda chinois et à la coriace vache indienne, toutes trois porte-drapeaux des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) (3), que l'Arabie Saoudite révoltée contre son allié traditionnel américain ingrat et méprisant, va bientôt rejoindre pour tenir tête au vieillissant G7, surnommé par Vladimir Poutine «le club du milliard doré», de l'Occident gâté et gâteux.

Plus que la guerre russo-ukrainienne, que l'Occident veut visiblement transformer en bourbier pour la Russie, longtemps et impitoyablement soumise à des pressions et des sanctions insoutenables (4), l'affaire de Hunter Biden, le fils de Joe Biden, a de fortes chances d'aboutir au départ précipité de son père, pour une raison ou une autre, de son poste, qu'il assume laborieusement, depuis son élection en Novembre 2020, à cause de sa santé défaillante.

Le retour aux affaires de Donald Trump, qui entretenait de bonnes relations avec Vladimir Poutine, est de plus en plus envisageable par des acteurs majeurs de la vie politique américaine. Il y va donc des intérêts vitaux des Etats-Unis (5), en particulier et de l'Occident en général, isolé, critiqué et dénoncé par la quasi-majorité du reste du monde pour ses nombreux abus contre des pays et peuples souverains.

En tout état de cause, poussé à bout par l'Occident vindicatif, qui ne cesse de sonner les trompettes et battre les tambours d'une guerre imminente pour imposer au monde ses thèses suicidaires, même au prix d'une guerre nucléaire, qui détruirait certainement toute l'Ukraine, une partie de la Russie et de l'Europe et sûrement la Terre entière ainsi que l'humanité que les êtres vivants qui la peuplent, sous le déluge de bombes et ogives atomiques, les unes plus dévastatrices que les autres.

Vivement le départ de Joe Biden, dont le fils maudit est enlisé dans de multiples affaires de corruption, de sexe et de trafic d'influence, selon le think-tank américain Marco Polo, qui vient d'adresser un rapport détaillé aux membres du Congrès américain sur les frasques de la famille Biden afin de mettre en oeuvre, le plus tôt possible, une procédure d'impeachment, à l'instar de celle du fameux scandale du «watergate», engagé contre le président Richard Nixon.

Cela permettrait alors à l'ancien président américain, Donald Trump, de revenir aux affaires par la grande porte.

En tout état de cause, seul cet homme, du parti Républicain américain, qui entretient des relations de confiance avec Vladimir Poutine, pourrait sortir du bourbier ukrainien les Etats-Unis d'Amérique et les pays qui les avaient soutenu aveuglément, en ménageant l'honneur des uns et des autres et de ne pas vendre la peau de l'ours russe avant de l'avoir tué.

*Diplomate à la retraite et écrivain

Notes

(1) Vladimir Poutine est à la tête de la Fédération de Russie depuis plus de 22 ans.

(2) A la fin de 1980, début de 1990, l'URSS s'est effondrée comme un château de sable, donnant naissance à 15 Etats indépendants. «Aucune grande puissance ne s'est jamais désintégrée aussi radicalement et rapidement, sans avoir été vaincue par les armes.» Henry Kissinger, ancien Secrétaire d'Etat américain aux affaires étrangères.

(3) Une possible victoire de Lula Da Silva à l'élection présidentielle, dont le deuxième tour se tient le 30 octobre 2022, avec un léger avantage pour Lula, renforcera le front des BRICS contre l'Occident libéral.

(4) A la suite des sanctions qui ont été imposées à la Russie, par les Etats-Unis et leurs alliés, après l'annexion de la Crimée, le président Poutine a décidé de diversifier les relations de son pays avec d'autres régions du monde qu'il considère représenter des pôles du monde multipolaire, tel qu'il se le représente et a ainsi réduit ses dépendances de l'étranger en matières agricoles et industriels notamment. Sa cote de popularité avait atteint à l'époque 88% dans son pays.

(5) «La Russie constitue aujourd'hui la première menace sérieuse pour les Etats-Unis d'Amérique» Le Général Lloyd Austin, Secrétaire d'Etat américain à la défense.