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Démissions de M. Abbas: fausses vraies décisions ?

par Kharroubi Habib

Samedi, Mahmoud Abbas a présenté sa démission de la présidence du Comité exécutif de l'OLP (CEOLP) imité dans son geste par plus de la moitié des 18 membres de cette instance palestinienne. Il a été avancé par l'entourage du président palestinien qu'il se serait résolu à cet acte parce qu'il crée une situation qui permettrait la convocation du Conseil national palestinien (CNP) dont la dernière réunion remonte à 1996.

A supposer que c'est là la véritable motivation de sa démission, la réunion du CNP qui doit normalement se tenir un mois après sa convocation risque d'être problématique car tributaire de la «bonne» volonté des autorités israéliennes qui pourraient contrer l'initiative en refusant d'accorder le visa d'entrée en Cisjordanie aux nombreux membres de l'instance résidant à l'étranger. D'autres sources avancent que Mahmoud Abbas a en quittant la présidence du CEOLP fait le pas vers sa démission prochaine de la direction de l'Autorité palestinienne, décision qu'il s'apprêterait à prendre au constat que vingt deux ans après les accords d'Oslo dont il a été l'ardent défenseur et le négociateur, la situation pour les Palestiniens a viré à la catastrophe parce que l'Etat sioniste a berné l'Autorité palestinienne qu'il préside en reniant tous les engagements pris par lui à Oslo.

Il est à faire remarquer que les bruits sur une démission de Mahmoud Abbas ont commencé à circuler après que des médias israéliens ont fait état de négociations en cours entre le cabinet de Netanyahu et des représentants du Hamas et que leur information ait été confirmée par Khaled Mechaal, le chef politique de cette faction palestinienne. Il est évident que le président palestinien n'a pu voir dans ces négociations secrètes entre les Israéliens et le Hamas qu'une volonté de la part de leurs protagonistes d'aller à un accord qui mettrait l'Autorité palestinienne qu'il préside devant un fait accompli qui amoindrirait singulièrement sa position vis-à-vis de l'Etat sioniste et de la communauté internationale.

L'on peut penser raisonnablement que Mahmoud Abbas a alors fait «fuiter» l'information qu'il va démissionner de la présidence de l'Autorité palestinienne (qu'il conserve néanmoins après avoir quitté celle du CEOLP) pour susciter un mouvement de solidarité et de rassemblement autour de lui et de cette autorité avec laquelle Israël et le Hamas ont rompu les contacts et sont passés outre elle en engageant des négociations secrètes qui quels que soient leurs résultats engageront l'avenir des Palestiniens. Abbas dont l'aura s'est singulièrement ternie et se trouve confronté à une contestation des plus forte de la stratégie qu'il a imposée à l'Autorité palestinienne vis-à-vis de l'occupant sioniste, compte probablement que le CNP dont il espère la réunion et le nouveau CEOLP qu'il élira dans la circonstance, lui renouvelleront leur confiance pour faire échec à la mise «hors course» de cette institution du dialogue palestino-israélien.

En majorité, les membres du CNT sont plus anti-Hamas qu'adversaires irréductibles du président Mahmoud Abbas et de ses partisans. La gravité de la situation dans laquelle est la cause palestinienne et la menace d'implosion des instances légitimes de l'Etat palestinien que fait planer un retrait de Mahmoud Abbas des présidences de celles-ci sont en effet susceptibles de générer en leur sein le réflexe du rassemblement et de la solidarité.