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Une rentrée sous tension

par Moncef Wafi

Dire que l'Algérie s'apprête à vivre une rentrée sociale aussi chaude que l'été sortant serait une lapalissade tant les voyants sont au rouge. Malgré les discours rassurants du Premier ministre et des membres de son gouvernement, les Algériens savent pertinemment que l'avenir du pays ne repose aucunement sur les bonnes volontés officielles mais dépend exclusivement du prix du baril de pétrole.

On peut facilement deviner les tendances économiques que va prendre le pays à l'ombre d'une chute des prix dramatique et avec la baisse continue des réserves de change et il ne faut pas être devin pour imaginer la suite des événements avec une politique d'austérité que Sellal est en train de nous servir à petites doses. Quid de la rentrée sociale ? Pour faire face à une grogne attendue presque devenue classique, le gouvernement sait que la paix sociale s'achète passant par la satisfaction des demandes sociales. Logement, travail, crédit, salaire, les secteurs à risque ont été ciblés et les moyens mis en œuvre pour éviter des crises qui peuvent se muer rapidement en émeutes. Parmi ces parades, le versement, dès ce mois, des augmentations salariales découlant du nouveau salaire national minimum garanti (SNMG), ainsi que de la revalorisation de l'indemnité forfaitaire compensatrice.

Ainsi, près de 2 millions de travailleurs des institutions et administrations publiques et du secteur économique bénéficieront de ces améliorations de revenus avec effets rétroactifs à compter du 1er janvier 2015. Des mesures de solidarité entre caisses de sécurité sociale pour garantir le paiement régulier des retraites sont également retenues. La création d'emplois, à travers des programmes publics d'emplois, font aussi partie de cette panoplie de mesures prises pour se prémunir d'une rentrée sociale qu'on annonce explosive. Le chef de l'Etat s'est lui-même impliqué, chargeant le gouvernement de renforcer l'action des différentes administrations et services publics concernés pour réunir les meilleures conditions possibles pour la réussite de la rentrée sociale dans tous les domaines. C'est vous dire.

Mais tous ces efforts conjoncturels suffiront-ils pour réussir une rentrée à haut risque surtout que les revalorisations salariales passent inaperçues devant l'augmentation inexpliquée des prix ? L'Algérien veut bien donner du crédit à tous ces discours de bonne intention mais la réalité insiste sur l'urgence de mesures à long terme qui auraient dû être prises des années auparavant. On est loin de l'optimisme béat affiché par Sellal et ses ministres qui sciemment ou inconsciemment sous-estiment l'étendue et la portée de cette chute vertigineuse du prix du pétrole.