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Tabbou et Touati en débat civilisé

par Kharroubi Habib

L'ENTV étant par le fait du prince fermée au débat politique contradictoire, la communauté estudiantine de la cité universitaire «La Pépinière» de Béjaïa a pris la louable initiative d'organiser une table ronde sur l'élection présidentielle prochaine, à laquelle ont été conviés partisans d'une participation et boycotteurs.

Il est regrettable que seuls Moussa Touati, président du FNA et candidat à l'élection présidentielle pour le premier camp, et Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS pour le second, aient accepté l'invitation lancée par les organisateurs.

Comme il fallait s'y attendre, les deux protagonistes du face-à-face, dont les positions relatives à l'échéance électorale sont aux antipodes, ont cherché à faire valoir la justesse de leurs arguments politiques respectifs.

Moussa Touati a plaidé pour la participation en faisant valoir «que l'abstention n'a jamais été une solution ; au contraire, elle a éloigné ses partisans à chaque fois de l'opportunité de prendre leur destin en main» et en considérant «que les partisans du boycott ont un position qui arrange beaucoup plus les tenants du pouvoir que celle de l'opposition dont il se revendique». Karim Tabbou a tenté de battre en brèche l'argumentaire participationniste en lui opposant le point de vue que les dés étant pipés pour ce rendez-vous électoral, ceux qui ont accepté d'y prendre part «sont dans les postures de l'aveugle qui ne veut pas voir et du sourd qui ne veut pas entendre». Les deux «débatteurs» ont échangé sans concession leurs points de vue et il appartient à ceux qui les ont entendus d'en tirer les conclusions.

Pour notre part, nous nous limiterons à souhaiter que des débats contradictoires de la sorte ne soient pas confinés à des auditoires aussi restreints que celui de la résidence universitaires de «La Pépinière» de Béjaïa.

Avant-hier, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a donné orientation aux animateurs de la campagne du candidat Bouteflika d'avoir à développer un discours électoral privilégiant le débat d'idées, sans le recours à l'invective et aux attaques personnalisées. Karim Tabbou et Moussa Touati, que tout sépare politiquement, ont administré le preuve qu'un tel comportement est possible. Il y a que le pouvoir est allergique à ce genre de confrontation et Karim Tabbou a eu raison d'estimer que l'initiative du collectif estudiantin de Béjaïa a pour mérite «de casser l'interdit» que le pouvoir oppose à la tenue de cette sorte d'exercice de l'expression politique.

Il nous faut tout de même faire remarquer que sans adhérer forcément aux arguments utilisés par Touati pour justifier la participation, sa position en la matière nous semble être inscrite dans la constance, opportune ou pas. Ce qui n'est pas le cas pour le FFS que représentait Karim Tabbou, dont la position sur les élections varie d'un scrutin à l'autre, alors qu'il a affaire au même pouvoir, qui lui ne change pas ses pratiques dans leur organisation.

C'est peut-être l'une des raisons qui font que si les électeurs décident effectivement de boycotter le scrutin du 9 avril, ce n'est pas le discours développé par le FFS ou d'autres parties à la position basée sur une géométrie variable qui en aura été la cause déterminante.